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«L’exposition U-Joints montre à quel point aujourd’hui tout est devenu très spécifique, explique Alexis Georgacopoulos, directeur de l’ECAL. Vous avez des rivets uniquement destinés à l’aviation, des écrous pour la chirurgie, des vis en résine colorée.» L’exposition montre surtout l’incroyable créativité de ces objets indispensables, mais qui n’attirent jamais l’attention. «Les designers s’approprient les connexions standard, en les assemblant et en les personnalisant. Parfois, ils inventent aussi de nouvelles jointures à partir de rien, ajoute Anniina Koivu, critique de design et conceptrice, avec l’architecte Andrea Caputo, de U-Joints, créé en 2018 pendant la Design Week de Milan. Cependant, ils utilisent toujours des attaches pour créer un objet unique. Mais comme une articulation est souvent invisible, dissimulée avec élégance à l’intérieur d’un objet, elle peut parfois passer inaperçue. U-Joints cherche à changer cela.»
De la Swatch à l’iPhone
Ce qui explique que l’exposition se déploie à la façon d’un dictionnaire en trois dimensions mis en scène par Camille Blin, responsable du master en design produit à l’ECAL. Avec sa forme hyper-pédagogique, elle rappelle le principe de Fundamentals, lorsque l’architecte Rem Koolhaas décortiquait les éléments qui constituent le vocabulaire de l’architecture, de la fenêtre à l’escalier, à la Biennale de Venise de 2014.
En plus des 1300 pièces de cette quincaillerie de luxe qui va de l’infiniment petit (visez les 49 vis microscopiques dispersées dans un iPhone) à l’infiniment grand (comme les écrous géants destinés à la construction), vingt objets de designers viennent illustrer le propos. Il y a là un tabouret à vis de Konstantin Grcic, une guitare électrique en métal spécialement fabriquée pour Ben Harper et un morceau de la carlingue d’un avion.
Et l’horlogerie, importante consommatrice de pièces de fixation? Elle est représentée par une Swatch, le modèle Sistem51, dont les 51 pièces du mouvement automatique sont maintenues par une seule vis. «L’idée est de continuer ce travail de taxonomie, précise Anniina Koivu. Nous sommes en discussion avec des lieux en Grande-Bretagne, en Allemagne, au Canada, aux Etats-Unis et au Japon pour ouvrir de nouveaux chapitres. Chaque exposition portera toujours sur les systèmes de fixation, mais sera différente d’un endroit à l’autre. Le cycle se conclura avec la publication d’un livre qui réunira l’ensemble de nos recherches.»
U-Joints, jusqu’au 29 mai, Galerie l’ELAC, av. du Temple 5, Renens.