Le but de ces romantiques hétéros post-#MeToo est de braquer un coup de projecteur sur cet angle mort-vivant du féminisme: le tabou que représentent, dans ce débat sur la domination patriarcale des hommes sur les femmes, nos couples, nos vies et nos lits. Qui peut le nier? Les femmes sont nombreuses à se débattre avec ce qui pourrait ressembler, de loin, à de grossières contradictions: s’affirmer dans la sphère professionnelle, mais rationaliser les violences au sein du couple. Parler fort de la masculinité et craquer malgré soi pour l’incarnation même de la virilité toxique. Etre partout «sujet», sauf chez soi. Miroir, mon beau miroir, dis-moi si aimer s’apprend – et si oui comment?
Un objet politique
Admettre ces contradictions est une preuve d’humilité. Le penser est une responsabilité, individuelle et collective. Car, comme toujours, l’intime est politique. De Genève à Stockholm, en passant par Paris, ce propos développé ces derniers mois par des essayistes, journalistes, podcasteuses, autrices de romans graphiques est salutaire. Toutes s’efforcent de redessiner les contours de l’amour et démontrent que ce qui nous semblait si «naturel» est un produit de notre éducation, de notre culture, des attentes sociétales.
Lire aussi: Comment Mona Chollet, Victoire Tuaillon et une galaxie d’autrices «réinventent l’amour»Leurs constats sont sans appel. Nos modèles amoureux reproduisent souvent un rapport de pouvoir défavorable aux femmes, intériorisé par les deux sexes, bien malgré eux. Personne n'y gagne. C’est le piège «du bad boy et de la fille fragile», titre d’un épisode du podcast devenu culte ces derniers mois, Le Cœur sur la table, en passe d’être aussi un livre. Et le thème de l’essai Réinventer l’amour, publié ce jour par Mona Chollet, dont le verbe est franc et ne manquera pas de polariser les générations et les milieux sociaux.
Une révolution romantique est en marche. Plus qu’une thérapie de couple, c’est une thérapie de groupe. Elle bouscule nos cœurs, pour le meilleur.