Si la peinture a su restituer les modulations de la lumière sur la lagune, les scintillements et leurs reflets sur la pierre rose, l'estampe, pour sa part, a permis de diffuser «une Venise de papier». Une collection privée de plus d'un millier de feuilles, dont un florilège de 150 planches est dévoilé à Vevey pour la première fois, illustre les possibilités de l'estampe vénitienne, dans les registres de la veduta, du caprice et de la scène de genre. Par les moyens de la ligne, les artistes ont combiné la topographie, la perspective et l'inventivité.

La manifestation, qui mêle les noms de Canaletto, de Tiepolo, de Piranesi et de Longhi à ceux de peintres, d'architectes et de scénographes moins connus, sera reprise au Musée cantonal d'art de Lugano l'automne prochain. Venise est une ville si particulière que sa description picturale, aussi minutieuse qu'elle paraisse, finit toujours par créer quelque magie chromatique. D'où la naissance des vedute, où le ciel, redoublé par l'eau, finit par envahir la surface, où les bâtiments s'écartent toujours davantage, formant un vide central où plonge le regard. Quant au caprice et à la scène de genre, ils découlent du quotidien de la vie vénitienne au XVIIIe siècle, un quotidien populaire et extrêmement vivant, fourmillant d'échanges qui font figure de tirades et de mouvements théâtraux.

Une Venise de papier, la cité des Doges à l'époque de Canaletto et Tiepolo.

Cabinet cantonal des estampes, Musée Jenisch (av. de la Gare 2, Vevey, tél. 021/921 34 01). Ma-di 11 h-17 h 30. Du 23 avril au 4 septembre.