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Littérature. Mémoires de porc-épic

Littérature.

Alain Mabanckou. Mémoires de porc-épic. Seuil, 230 p.

Le savoureux Verre Cassé (Seuil, 2005) a valu un beau succès à Alain Mabanckou, originaire du Congo-Brazzaville, professeur à l'Université du Michigan. La chronique burlesque et pathétique du bar «Le crédit a voyagé» s'achevait avec la mort du narrateur, Verre Cassé, justement. Mais ses amis ont trouvé un manuscrit sur les rives du fleuve où le malheureux s'est noyé. Cette fois, c'est un porc-épic à la veine épique qui parle. Il est le «double nuisible» mais très aimable d'un alter ego humain, Kibandi. Mabanckou pastiche avec beaucoup de verve les contes africains et leurs colliers de proverbes: «Si tu veux que Dieu se marre, raconte-lui tes projets»; et encore: «Quand on coupe les oreilles, le cou devrait s'inquiéter.» L'auteur aime bien aussi glisser quelque vers hugolien dans le discours d'un marabout qu'on paie «après résultat» ou faire allusion au Macondo de Cent Ans de solitude. «Les livres qui nous suivent longtemps sont ceux qui réinventent le monde, revisitent notre enfance, interrogent l'Origine, scrutent nos obsessions et secouent nos croyances», croyait Verre Cassé. C'est ce que fait Mabanckou avec son porc-épic. Moins baroque que Verre Cassé, ce roman est très plaisant. Mais comme le précédent, il tire un peu sa verve en longueur.