S’il fallait une image pour approcher la personnalité d’Anita Pittoni, ce serait celle d’une table, d’une grande armoire et d’un rouet. Et les ciels immenses de Trieste, sa ville. Chez elle, la table était son lieu d’écriture, invariablement envahie par des couches de papiers, strates de poèmes, de nouvelles, de souvenirs, de manuscrits d’amis, les plus grands auteurs triestins, sa famille d’élection: Umberto Saba, Roberto Bazlen, Giani Stuparich, Italo Svevo… Avec eux, pour eux, elle fondera en 1949 Lo Zibaldone, maison d’édition à l’aura de légende en Italie, pour l’acuité de sa sélection littéraire, pour l’élégance très sûre de son graphisme.