Annie Ernaux: «La sexualité est un moyen de connaissance»
Figure parmi les plus respectées de la littérature contemporaine, Annie Ernaux déploie depuis quarante ans la chronique d’une vie de femme. Elle nous reçoit chez elle, près de Paris, pour évoquer «Le Jeune Homme», une histoire d’amour vécue avec un étudiant de trente ans de moins qu’elle
Initiatrice d’une écriture de soi à la fois intime et sociale, féministe et engagée, Annie Ernaux publie des livres depuis près de cinquante ans (son œuvre a débuté avec le roman Les Armoires vides, en 1974). Ses ouvrages principaux, La Place, Passion simple, L’Evénement et surtout Les Années, devenu une pierre angulaire de la littérature contemporaine, l’ont fait connaître internationalement. Chacune de ses publications est un événement, et le Jeune Homme ne fait pas exception. C’est pour ce récit autobiographique d’une histoire d’amour vécue avec un homme de 25 ans, alors qu’elle en avait 54, qu’elle nous reçoit chez elle, à Cergy, près de Paris.
Sa boîte aux lettres est de guingois. Elle émerge de branches de lierre indomptées, affichant son indépendance, dans ce quartier de villas bien ordonnées. Son nom y figure, tracé de sa main: Ernaux. A la différence des autres portails, le sien est ouvert. Au-delà, un jardin avec de grands arbres ‒ un cèdre, un hêtre rouge. Il y a quelque chose de sauvage et d’accueillant dans ce petit parc à l’écart du monde. C’est ici qu’Annie Ernaux écrit, depuis 1980. Elle dit qu’elle ne pourrait pas écrire ailleurs que dans cette maison, «La Favola».