Bande dessinée
Le grand raout de la bande dessinée a remis le Fauve d’or du meilleur album de l’année à Martin Panchaud pour «La Couleur des choses». Léonie Bischoff remporte le Fauve jeunesse pour «La Longue Marche des dindes», adapté du roman de Kathleen Karr

Le Suisse Martin Panchaud a remporté samedi le Fauve d’or du meilleur album de l’année avec La Couleur des choses. Une autre Suissesse, Léonie Bischoff, a quant à elle récompensée par le prix Jeunesse pour La Longue Marche des dindes.
Genevois de naissance mais Zurichois depuis 2014, Martin Panchaud, 40 ans, a été primé pour La Couleur des choses, sorti l’an dernier dans la maison d’édition française Çà et là. Les lecteurs sont placés comme des drones pour lire l’histoire. «C’est juste incroyable. J’ai envie de dire que je n’en reviens pas (…) Moi c’est mon premier festival, je découvre, je suis dans un tunnel depuis que je suis arrivé», a déclaré l’auteur samedi soir sur la scène du Théâtre d’Angoulême. «C’est un livre qui a été conçu à Genève il y a dix ans, qui a été fini à Zurich, là où j’habite (…) Zurich est une sorte de carrefour de la bande dessinée où se mêlent beaucoup d’influences», a-t-il ajouté.
A Angoulême, Martin Panchaud s’est aussi vu remettre le Grand Prix de l’Association des critiques et journalistes de BD. Il était également en lice pour le Prix des libraires de BD et celui du public France Télévisions. Les personnes qui voulaient une dédicace de l’auteur vendredi ont dû se munir d’un ticket de passage, a déclaré samedi Alexandre Grandjean, le coordinateur de BD Suisse à Angoulême, sur les ondes de la RTS. Martin Panchaud n’en est pas à sa première récompense. Il a reçu en 2021 à Soleure le Prix suisse du livre jeunesse pour sa version allemande, Die Farbe der Dinge, publiée chez Edition Moderne. L’ouvrage avait été nommé aussi Bande dessinée de l’année par le quotidien berlinois Der Tagesspiegel et nominé pour le Prix Max et Moritz, la plus haute distinction de BD en Allemagne.
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Créativité helvétique
Une autre Genevoise a été récompensée dans le prestigieux festival français: Léonie Bischoff, installée en Belgique, a remporté le prix Jeunesse avec La Longue Marche des dindes, une adaptation du roman de Kathleen Karr. Léonie Bischoff, 41 ans, a déjà été primée à Angoulême avec Anaïs Nin, sur la mer des mensonges, paru en 2021. Cet album pour public adulte avait connu dans la foulée un grand succès de librairie. Cette année dans un autre registre, avec La Longue Marche des dindes, les jeunes lecteurs disposent d’une excellente porte d’entrée pour aborder des thèmes comme le racisme et l’esclavage.
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Si d’autres auteurs suisses n’ont pas été retenus par Angoulême cette année, c’est le cas en revanche de maisons d’édition suisses comme Atrabile et la Joie de lire, toutes deux genevoises, dont certains titres ont été choisis par le jury. Pour Alexandre Grandjean, «ce qui fait la force de la BD en Suisse, c’est sa diversité et sa créativité. On a un vivier de jeunes artistes et de maisons d’édition». Même en Suisse alémanique, où la BD ne connaît pas le même engouement qu’en Suisse romande.
Le Grand Prix à Riad Sattouf
Les nombreuses écoles d’art comme la Head à Genève ou la Hochschule de Lucerne pour l’animation (HSLU) ne sont pas étrangères au succès du 9e art helvétique. Le soutien politique est aussi important avec les bourses de création que Pro Helvetia a récemment décidé d’allouer aux jeunes créatrices et créateurs de BD. «Cela a marqué un tournant», selon Alexandre Grandjean. La délégation de BD Suisse compte cette année une trentaine de personnes, dont des représentantes et représentants de collectifs de dessinatrices féministes et de maisons d’édition qui viennent de publier leur premier livre.
Le Festival d’Angoulême ferme ses portes dimanche soir, après avoir réussi à relancer une fréquentation qui avait été en berne en 2022. Malgré une météo de saison, froide et couverte, le public a été au rendez-vous. La récompense la plus prestigieuse du Festival, le Grand Prix, avait été remise mercredi au Franco-Syrien Riad Sattouf, connu pour sa saga L’Arabe du futur. Ce prix est remis depuis 1974, avec à son palmarès tous les grands noms de la bande dessinée, particulièrement franco-belge, mais aussi les Suisses Zep et Cosey.