L'auteur français Jean Graton, qui avait créé à la fin des années 1950 la bande dessinée Michel Vaillant, est décédé jeudi à Bruxelles à l'âge de 97 ans, ont annoncé les éditions Dupuis dans un communiqué. La série, qui racontait les aventures d'un pilote de course automobile, s'est déclinée en 79 tomes, dont les neuf derniers signés de son fils Philippe. Ils ont été traduits en une douzaine de langues et adaptés sur le petit comme sur le grand écran. Depuis 2012 d'autres scénaristes et dessinateurs ont perpétué les aventures du héros. Au total, plus de vingt millions d'exemplaires des aventures du pilote se sont écoulés dans le monde.

Premier dessin à 8 ans

Jean Graton est présenté comme «le dernier monstre sacré de l'âge d'or de la BD franco-belge». Né à Nantes (ouest de la France) le 10 août 1923, Jean Graton a été élevé par un père dirigeant d'un club de moto qui l'emmenait aux 24 heures du Mans. A 8 ans, son premier dessin était paru dans le journal belge Le Soir: «c'était mon papa réparant sa moto», s'était-il souvenu dans une interview.

Arrivé à Bruxelles en 1947, il fait naître son héros Michel Vaillant pour la première fois dans le Journal de Tintin dix ans plus tard. Et en 1959 paraît le premier album de la série. Tout au long de sa carrière il a puisé son inspiration le long de circuits automobiles en allant lui-même assister à des courses. «Il avait le premier compris que pour raconter, il fallait s'inspirer du réel», commentent les éditions Dupuis. Avec ses onomatopées et son trait élégant, Jean Graton recréait «la vitesse grâce aux sons qui déchirent ses images. Il a inventé la bande son dans un art muet», disait à l'AFP le commissaire priseur Hervé Poulain, lui-même pilote, à l'occasion d'une exposition sur le dessinateur en Belgique en 2015. 

Populaire chez les passionnés de sports automobiles, Jean Graton allait jusqu'à appeler de grands pilotes comme Jacky Ickx par exemple pour placer, quand il le fallait, l'aiguille du compte-tours au bon régime. Il avait pour amis des champions, comme le Belge Lucien Bianchi et le Français Alain Prost, qui attribue sa vocation aux récits de ce «visionnaire des rapports humains dans la course». Il fréquentait aussi souvent René Goscinny et Albert Uderzo, les parents d'Astérix.

Jean Graton avait été fait Commandeur des Arts et des Lettres, en France, et Chevalier de l'Ordre de Léopold, en Belgique. Jeudi matin à Bruxelles, «il s'est éteint paisiblement entouré des siens», indique encore le communiqué.