«Pour personne», telle est la dédicace inscrite en ouverture du nouveau roman de Bret Easton Ellis. En refermant Les Eclats, 600 pages plus loin, on se dit que l’écrivain américain emblématique de la génération X aurait au moins pu noter «Pour moi-même», tant le presque sexagénaire semble, de prime abord, se regarder le nombril dans le miroir éclaté de sa jeunesse. Une lecture superficielle, sous le double prisme des Mémoires et de l’autofiction, pourrait rendre Les Eclats agaçant. Ce septième roman recycle en effet ses deux plus gros succès, Moins que zéro (1985) et American Psycho (1991). Treize ans après sa dernière fiction, Suite(s) impériale(s)White, en 2019, était un essai pamphlétaire –, elle-même déjà une suite de Moins que zéro, premier livre écrit à 21 ans et propulsant Ellis au rang de star littéraire, il y a donc comme un air de déjà-vu.