Non mais tu rêves: t’as vu ta baraque? On est coincés dedans comme les petits cochons par une meute de loups!
On le retrouve, aujourd’hui, plus au nord, dans une vallée des Appalaches au cœur de l’hiver. Il a changé de nom. Il s’appelle désormais Roy Braverman et peuple son nouveau roman, Hunter – enfoui sous une épaisse couche de neige et égaré dans les bois –, d’un shérif, d’un débile, d’un policier noir à la retraite, d’un motel, d’un bowling, de grosses 4x4, d’enquêteurs du FBI, de jeunes filles disparues et de tueurs en série.
Tous les clichés de genre sont là, habilement réarrangés par Roy Braverman qui multiplie les références. On a beau avoir une impression de déjà-vu, entre Deliverance, Fargo et Lolita, pour ne citer que les influences les plus évidentes, l’écriture sèche et directe s’impose. Roy Braverman déploie le même art du récit que Ian Manook et vous embarque, sans prétention mais avec une redoutable efficacité, et de manière bien plus élégante que la plupart des livres du genre.
Tous deux anéantis, sonnés comme dans un coma debout, regardent la forêt sombre et lugubre autour de Pilgrim’s Rest. Encore plus sinistre et terrifiante depuis qu’ils savent
La violence certes est omniprésente – elle régnait déjà autour de Yeruldelgger – mais c’est une des règles du jeu. Si l’atmosphère «américaine» baigne bel et bien tout le livre, l’inspiration chamanique et les mystères du monde indien ressurgissent vers la fin du roman, laissant entrevoir une possible et discrète parenté entre les Mongols des Temps sauvages et les tueurs des Appalaches. Dans cette partie d’Indiens et de cow-boys, il n’est pas sûr que ces derniers l’emportent. A vérifier dans les deux prochains tomes de cette future trilogie, annoncée par les Editions Hugo & Cie.
Roy Braverman, «Hunter», Hugo & Cie, 352 p.