Payot gagne une première manche. La Commission de la concurrence (Comco) annonce ouvrir une enquête à l’encontre du groupe éditorial français Madrigall, la holding de Gallimard. Elle va examiner s’il limite de façon illicite la possibilité pour les libraires suisses de se fournir en France à de meilleures conditions.

Le groupe Payot avait déposé en septembre une plainte contre Madrigall pour prétendu abus de pouvoir de marché relatif, rappelle la Comco dans un communiqué. Il lui reprochait d’empêcher les libraires suisses de se procurer en France des livres au prix du marché français et aux conditions usuelles françaises.

Notre article en septembre 2022: Payot attaque Gallimard auprès de la Commission de la concurrence

Analyser un éventuel «comportement abusif»

Dans le cadre de l’enquête, «la Comco va examiner si Madrigall détient effectivement un pouvoir de marché relatif envers le dénonciateur et si la société s’est comportée de manière abusive au sens de la loi sur les cartels», précise la commission.

Environ 80% des livres vendus en Suisse romande viennent de France. Pour certains types d’ouvrages, les prix peuvent être de 60 à 80% supérieurs au prix français. En 2012, le patron de Payot, Pascal Vandenberghe, avait trouvé un arrangement avec Gallimard et Flammarion, afin de s'approviosioner de manière plus directe, mais les deux éditeurs avaient finalement fait marche arrière. En 2013, la Comco avait nfligé une amende de 16,5 millions de francs aux diffuseurs français. Mais la situation n'a pas changé depuis.

Cinq diffuseurs qui contrôlent le marché

Les cinq principaux diffuseurs représentent ensemble environ 90% des livres français vendus en Suisse romande. Payot s'appuie sur une modification de la loi sur les cartels, entrée en vigueur au début 2022, qui modifie la définition de la position dominante sur un marché. Pascal Vandenberghe expliquait au Temps en septembre: «Après plus de huit mois de tergiversations de leur part, et de demandes restées sans réponse, ce que je considère comme une dernière entourloupe, je me suis décidé à sonner la fin de la récréation. Pas seulement pour Madrigall d’ailleurs: ce coup de semonce qui lui est destiné vise aussi à ramener à la raison les autres diffuseurs, qui nous «baladent» de la même façon.»

Un cas ailleurs: La «protection culturelle» du livre: l’exemple belge