Publicité

Qui était vraiment Voltaire?

François Jacob signe une captivante biographie sur l’écrivain de Ferney. Oui, il représente l’ancêtre d’une ère nouvelle, mais seulement si on comprend à quel point il est l’homme d’un temps disparu

couverture de Voltaire, la biographie de François Jacob  — © (Folio)
couverture de Voltaire, la biographie de François Jacob  — © (Folio)

Voltaire fait partie de ces écrivains qu’on croit connaître sans vraiment l’avoir lu, sur la foi de quelques idées – bien ou mal – reçues. Devenu un véritable label de la modernité intellectuelle, son nom a pris valeur de symbole au point de faire écran aux œuvres et à la vie de l’intéressé. Mais qui fut exactement Voltaire? C’est à cette question faussement simple qu’ambitionne de répondre la riche et captivante synthèse qui paraît chez Gallimard dans la collection «Folio biographies». Elle est signée par François Jacob, directeur de l’Institut et Musée Voltaire de Genève, sis dans la propriété des «Délices» où l’auteur de Candide a vécu entre 1755 et 1760.

Remettre les pendules à l’heure

Disons-le tout de suite, cette biographie nous propose bien plus qu’une simple introduction à Voltaire: elle offre un aperçu complet sur sa vie et son œuvre, écrit à la lumière des recherches les plus récentes. Avec l’intention de remettre quelques pendules à l’heure: celle de Voltaire, s’entend. Oui, il n’est pas faux de voir en lui l’ancêtre d’une ère nouvelle, mais seulement si on comprend à quel point il est l’homme d’un temps disparu. Voilà Voltaire donc replacé au cœur de son époque, cet Ancien Régime dont il maîtrisait si bien les rouages, mais aussi saisi selon les rythmes intimes d’une existence menée jusqu’au bout comme une conquête.

Légendes et anecdotes

François Jacob commence par régler leur compte aux anecdotes plus ou moins légendaires qu’elle n’a jamais cessé de susciter. Il donne aussi leur juste place à l’ensemble des productions «littéraires» de Voltaire – poétiques, dramatiques, philosophiques, historiques, pamphlétaires, etc. –, en se gardant bien de privilégier les quelques champs exclusifs retenus trop souvent par la postérité (les contes notamment), au risque de se méprendre sur ce que fut Voltaire écrivain pour le XVIIIe siècle. Le théâtre en particulier retrouve ici toute son importance, puisque c’est à travers lui que Voltaire conquit son prestige littéraire, mais aussi parce qu’il constituait à ses yeux un laboratoire d’idées et de formes. Quant aux grands combats contre «l’Infâme» des années 1760-1770, seul un effort de contextualisation permet d’en saisir la pleine portée: il ne s’agissait pas tant pour Voltaire de mener bataille en faveur d’un idéal abstrait, que d’influer sur les débats juridiques de son temps. Mais c’est déjà une autre histoire qui commence.

François Jacob

Voltaire

Gallimard,

«Folio biographies», 336 p.