Gabriel Josipovici ou l’art de capter l’éclatement de nos vies
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AbonnéL’écrivain anglais est un dialoguiste hors pair. «Hôtel Andromeda» bruisse de conversations, plus vraies que nature, entre des personnages qui cherchent à rassembler les morceaux de leur existence. Avec, en fil rouge, la figure attachante de l’artiste américain Joseph Cornell

On entre de plain-pied dans Hôtel Andromeda: deux femmes boivent le thé au dernier étage d’une maison londonienne. «Je n’ai que des morceaux», dit la plus âgée. Elle parle du sucre, mais la plus jeune, elle aussi, n’a que des morceaux. C’est de cela qu’elle est venue se plaindre: le livre auquel elle travaille peine à prendre forme. Elle ne trouve pas le fil qui relierait ces fragments et s’interroge sur le sens d’une démarche qui, croit-elle, n’intéresse qu’elle. Elle évoque aussi sa sœur, Alice, quelque part du côté de la Russie, dont elle n’a aucune nouvelle: «Même dans mes rêves, elle ne m’en donne pas.»