Genre: Poésie
Qui ? Bashô, Issa, Shiki
Titre: L’Art du Haïku
Titre Original: Pour une philosophie de l’instant
Langue: Trad. et présentation de Vincent Brochard, préface de Pascale Senk
Chez qui ? Belfond, 240 p.

Trois lignes, dix-sept syllabes, un instant saisi en quelques mots: quoi de plus simple qu’un haïku? Ceux qui s’y risquent perçoivent vite la difficulté de l’exercice: aussi périlleux que le trait de pinceau qui restitue la magie du cerisier, plus délicat que les pétales d’amandier sous la neige. L’Art du Haïku est une méthode et une anthologie qui réunit les trois maîtres de cet art du peu: Bashô (1644-1694), Issa (1763-1827), Shiki (1867-1902). En introduction, Pascale Senk donne une manière de méthode: attention au réel, au sens du détail. Comme dit Roland Barthes, le haïku «s’amincit jusqu’à la pure et simple désignation», jusqu’à ce que le sens ne soit plus qu’une «griffure de lumière». S’il rend souvent compte de la beauté du monde, sans emphase, le haïku des maîtres est volontiers humoristique, trivial, légèrement scatologique: «Je sors lâcher/une dizaine de pets/longue est la nuit», confie Issa.

Son économie s’adapte facilement au monde contemporain. Peu importe le sujet, seuls comptent le regard, l’économie de moyens, le rythme et la précision du trait. On peut s’y exercer dans sa cuisine, à l’école, au bord de l’eau. Plusieurs sites, en français et en anglais, sont donnés en référence. Vincent Brochard, lui, apporte un éclairage historique sur cet art, en définit les contours, présente les trois poètes, en introduction à un florilège de haïkus, en japonais et en traduction. «Même à Kyoto/je me languis de Kyoto/quand j’entends le coucou», écrit l’insurpassable Bashô.