Ivan Jablonka décroche le Médicis avec «Laëtitia ou la fin des hommes»
Prix littéraire
Un fait divers atroce a inspiré le livre de cet historien qui, à travers le crime, redonne un visage à une victime et fait le portrait de la France d’en-bas

«Je voudrais, au contraire, délivrer les femmes et les hommes de leur mort, les arracher au crime qui leur a fait perdre la vie et jusqu’à leur humanité.» Tel est le vœux que formule Ivan Jablonka, 43 ans, en préambule de Laëtitia ou la fin des hommes, paru au Seuil et qui vient de remporter le Prix Médicis, après avoir décroché le prix littéraire du Monde en début de saison.
Etat des lieux
Ce roman de 400 pages, qui s’appuie sur un fait divers sordide, fait le portrait d’une jeune femme, Laëtitia, victime en 2011 d’un tueur qui découpa son corps après l’avoir poignardé à de multiple reprises. Professeur d’histoire, chercheur de formation Ivan Jablonka offre un tombeau littéraire à cette jeune femme morte, afin de lui rendre «à elle-même sa dignité», dit-il. C’est aussi l’occasion pour lui – Laëtitia, issue d’une famille très défavorisée – de dresser un état des lieux de la société, puisque l’histoire de Latëtia raconte aussi, note-t-il, celle «des familles disloquées, des souffrances d’enfant muettes, des jeunes entrés tôt dans la vie active, mais aussi le pays au début du XXIe siècle, la France de la pauvreté, des zones périurbaines, des inégalités sociales.
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Les rouages de l'enquête
On découvre les rouages de l’enquête, les transformations de l’institution judiciaire, le rôle des médias, le fonctionnement de l’exécutif, sa logique accusatoire comme sa rhétorique compassionnelle. Dans une société en mouvement, le fait divers est un épicentre», assure l'écrivain.
Le suédois Steve Sem-Snadberg remporte, pour sa part, le Médicis étranger pour Les Elus (Laffont) et Boxe de Jacques Henric, lui aussi paru au Seuil, le prix Médicis de l’essai. Résultats du Goncourt et du Renaudot, jeudi 3 novembre.
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Ivan Jablonka, Laëtitia ou la fin des hommes, Seuil, 400 pages