Redécouvrir un chef-d’œuvre dans une nouvelle traduction, c’est une aventure esthétique comparable au plaisir que procure l’interprétation inédite d’une mélodie familière. Le regretté Bernard Hœpffner le disait: «Pourquoi lit-on encore Shakespeare ou Montaigne? Parce que ce sont des textes qui ont fondé notre langue. Les traductions, non. Elles ne fondent pas la langue. Elles sont une interprétation. Comme en musique, le diapason n’a cessé de bouger au cours des siècles.» Le Prix Bernard Hœpffner, Jean-Jacques Greif vient justement de le recevoir pour sa version entraînante, énergique du roman de Charles Dickens, De grandes espérances. Lui qui se déclare «traducteur amateur» a déjà su faire parler «comme des pirates les pirates de L’Ile au trésor», version parue chez Tristram, un éditeur qui fait beaucoup pour la relecture des grands textes de langue anglaise: Stevenson, Sterne, Twain…