Souvenirs omniprésents
En premier plan se joue une histoire d’amour naissante tandis qu’une autre se brise dans un terrible accident. Alors que Gaspard se sent renaître aux côtés de Lula la sirène, Milena sombre dans les abysses de la tristesse. Mathias Malzieu réussit à créer une véritable profondeur chez ses personnages. Il est donc aisé de s’y identifier et de les comprendre, aussi bien dans leurs joies que dans leurs tourments. En cheminant avec eux, on rêve aussi – beaucoup.
Progressivement, l’auteur tisse la toile d’une thématique poignante: celle des souvenirs. Ces fantômes qui sont stockés par dizaines dans l’appartement de Gaspard et qui jalonnent les moindres recoins de son existence. Par osmose avec ce héros attachant et fragile, comment ne pas songer à toutes ces choses qu’on a perdues, celles auxquelles on s’accroche depuis trop longtemps et dont on pourrait se libérer, celles au contraire qui nous sont nécessaires pour avancer.
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L’écriture poétique de Mathias Malzieu est empreinte d’une musicalité qui rythme le récit à coups de phrases courtes où les métaphores se succèdent. Avec une facilité déconcertante, l’auteur nous transporte dans son univers singulier et onirique. A noter, pour prolonger l’expérience, qu’une adaptation au cinéma du roman est en cours de réalisation par Mathias Malzieu lui-même. Par ailleurs auteur, compositeur et interprète du groupe Dionysos, le romancier est aussi à l’affiche du Zénith, à Paris, pour une exposition de ses photographies: Surprisier est à voir jusqu’à fin juin.
RomanMathias Malzieu«Une sirène à Paris»Albin Michel, 240 p.