Il faut du cran pour écrire, depuis la Suisse, un roman qui se situe à Gaza, dans les années 1970. C’est ce que l’on se dit en empoignant L’Epouse d’Anne-Sophie Subilia. On connaît le talent de la romancière et poète depuis Parti voir les bêtes et Neiges intérieures, en 2016 et 2020. On sait que l’hyper-précision du regard sur les êtres et les choses est un de ses leviers poétiques, sa façon de déposer ce qui normalement s’enfuit, s’échappe, disparaît, l’essentiel donc. Mais Gaza, la Palestine, l’un des conflits les plus anciens et les plus douloureux de la planète? Qu’allait donner la rencontre entre ce fracas-là et son écriture sismographique, à l’affût des ondes même les moins perceptibles qui parcourent le quotidien? La réponse est simple: L’Epouse est l’une des grandes réussites de cette rentrée.