Un record à saluer: les Editions Métailié, qui fêtent cette année leurs 40 ans, ont publié pas moins de 19 polars et romans d’Arnaldur Indridason. Voici le vingtième, tout récent cette fois-ci. Sorti en Islande en 2017, Ce que savait la nuit confirme brillamment qu’avec ce pionnier du polar islandais, on n’est jamais au bout de ses (bonnes) surprises. Il s’agit en outre, nous annonce-t-on, du «début d’une nouvelle série».

Coup de tonnerre dans le ciel bleu de septembre! Dommage collatéral de la fonte des glaciers islandais! Un groupe de paisibles touristes allemands en excursion sur le Langjökull tombe sur le cadavre parfaitement conservé d’un homme jeune, pris dans la glace. Alertée, la police découvre très vite qu’il s’agit de Sigurvin disparu sans laisser de traces il y a trente ans.

A l’époque, on avait accusé de meurtre son ancien associé Hjaltalin, relâché ensuite faute de preuves mais définitivement sali. A l’époque également, c’est l’inspecteur Konrad qui avait mené l’enquête et tenté vainement d’y voir clair. Un très mauvais souvenir qu’il n’a jamais réussi à oublier vraiment. Et qui lui revient de plein fouet quand son amie Marta, cheffe de la criminelle de Reykjavik, sollicite son aide pour tenter d’élucider ce qui est devenu un meurtre.

Abattoirs du Sudurland

Le fidèle lecteur d’Arnaldur Indridason connaît déjà Konrad. Il l’a rencontré dans Passage des ombres, le troisième tome de la Trilogie des ombres. A la retraite, insomniaque depuis la perte de sa femme récemment morte d’un cancer, il appartient «à la toute dernière génération d’Islandais nés sous domination danoise».

Grand amateur de vin rouge et de variétés islandaises des années 1960 et 1970, il est lui-même hanté par le mystère entourant la mort de son propre père, un individu peu reluisant qui avait purgé plusieurs peines de prison pour contrebande, vol ou escroquerie et que l’on avait retrouvé poignardé un soir de 1963, devant les abattoirs du Sudurland. Konrad avait alors 18 ans. Le coupable n’avait jamais été identifié.

Teinte particulière

La richesse et les ambivalences du personnage de Konrad, la patience et la modestie avec lesquelles il interroge les suspects donnent à ce livre une teinte particulière. Dès les premières pages, on a l’impression qu’Arnaldur Indridason a décidé cette fois-ci de prendre son temps. A la complexité fébrile, parfois un peu brouillonne de ses polars précédents, il oppose un récit plus linéaire où la description des paysages et des gens, l’histoire de Reykjavik et de ses quartiers se glissent harmonieusement dans la logique de l’enquête.

Ou plutôt des enquêtes puisque l’assassinat de Sigurvin semble désormais lié à la mort, postérieure, d’un autre homme écrasé par une voiture alors qu’il était ivre et qu’une tempête de neige faisait rage. A l’époque, la police avait conclu à un accident avec délit de fuite. Vous êtes sceptique? Evidemment…


POLAR

Arnaldur Indridason

«Ce que savait la nuit»

Traduit de l’islandais par Eric Boury

Métailié

286 p.