Mort et résurrection au Cambodge
Livres
Dans «Les enfants de Lazare», l’écrivain français Nicolas Zeimet entraîne son lecteur au pays des Khmers sur les traces d’expérimentateurs sans scrupules

Un polar qui vous emmène au Cambodge et vous propose une course poursuite parmi les temples d’Angkor, c’est suffisamment rare pour qu’on s’y précipite. Et l’on n’est pas déçu. Dans Les enfants de Lazare, le Français Nicolas Zeimet fait bien les choses. Atterrissage à Siem Reap dans un décor hypnotique, excursion au lac Tonlé Sap, symphonie des gouttes sur la capote d’un tuk-tuk cahotant sous une pluie diluvienne, le lecteur a droit à son lot d’exotisme. Sans même parler de l’arrivée du héros à Angkor en compagnie de son principal suspect. «Imaginez les ruines fourragées par les racines tentaculaires des fromagers et des banians, la pierre éventrée qui vibrerait encore d’une vie primaire, ancestrale», écrit l’auteur. Et ce n’est qu’un extrait.
Lire aussi: Mémoire grise et magie blanche en Roumanie
Ces descriptions seraient toutefois bien artificielles si elles ne servaient d’arrière-plan à une intrigue bien ficelée, habilement rythmée et formellement assez classique. L’histoire commence à Paris, par une triste journée d’automne. Pierre Sanak, journaliste reporter d’images à France 3, propose à ses collègues l’histoire du petit Sokhom, un enfant cambodgien qui s’est brusquement réveillé dans son cercueil lors de ses funérailles, avant de mourir une seconde fois. La nouvelle n’intéresse personne à la rédaction. Quelques minutes plus tard, Pierre est envoyé couvrir un suicide à la tour Eiffel. Horrifié, il découvre qu’il connaissait la jeune morte.
Expérience de mort imminente
Il l’avait rencontrée quelques jours plus tôt dans une des laveries où – pratique insolite – elle avait l’habitude de venir chanter. Fasciné par la liberté et le mystère de cette belle jeune femme, il en était tombé immédiatement amoureux. Cambodgienne – retenez bien ce détail! –, Agathe Vallée lui avait révélé qu’elle avait vécu enfant dans un orphelinat avant d’être adoptée par une famille française. Le jour précédant son décès, elle avait par ailleurs évoqué dans un SMS qu’une de ses connaissances avait fait une expérience de mort imminente (EMI) et que, en revenant parmi les vivants, elle n’était plus la même.
Pierre Sanak, on l’a deviné, ne tarde pas à mettre en rapport ces deux histoires «cambodgiennes». Après s’être renseigné sur cette thématique et avoir découvert l’existence du «signe de Lazare» – un mouvement réflexe parfois observé chez les patients en état de mort cérébrale –, il s’envole pour le Cambodge. Son objectif: s’intéresser à ce qui se passe dans les hôpitaux et les orphelinats. Y aurait-il des médecins qui, profitant d’enfants sans famille, provoqueraient artificiellement des EMI? Cela paraît bien sûr impossible. Et pourtant.
Nicolas Zeimet, «Les enfants de Lazare», Jigal Polar, 296 p.