Les gens du coin l’appellent «le petit caillou». C’est une stèle, là-haut à 1300 mètres, sur laquelle on a longtemps pu lire: «Aux victimes du 17/4/1970 roc des Fiz 1932/1970». Voilà tout. 71 morts ici à cause d’un glissement de terrain qui a emporté trois bâtiments de ce sanatorium, sur le plateau d’Assy, au-dessus de Passy (Haute-Savoie). Une chape de gravats et de boue a recouvert le drame, un silence que brise aujourd’hui Perrine Lamy-Quique, originaire de la région. Agrégée de lettres modernes, diplômée en cinéma et photographie, la jeune femme publie Dans leur nuit (Ed. Seuil), épais ouvrage qui compile témoignages d’époque et de nos jours, documents d’archives, procès-verbaux, verbatims. Perrine Lamy-Quique ne commente pas, nous confronte sans ambages à la tragédie et fait ce constat: «A ce jour, justice n’a pas vraiment été rendue.»