En 1968, Maud, la narratrice, a 16 ans et s’apprête à passer le bac. Arrive alors le joli mois de mai… C’est porté par la belle écriture de Paule du Bouchet que le lecteur vit «de l’intérieur» cette période clé. La naïveté et l’innocence de Maud (pour ne pas dire son ignorance) induisent d’amusantes réflexions, certes, mais surtout permettent des éclairages et des mises au point jamais pédants – qui s’adressent à une jeune fille pratiquant à merveille l’autodérision.

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Le panachage de l’intime et du public, du dérisoire et du dramatique, est mené avec beaucoup d’aisance, à l’image des passages qui évoquent l’éclosion du sentiment amoureux et celle de la conscience politique. Paris et Maud sont en effervescence, et les «événements» factuels sont ponctués de scènes inoubliables, telle cette virée que l’adolescente fait, à pied avec sa mère, pour porter aux étudiants qui occupent La Sorbonne une bassine à lessive remplie de spaghettis bolo.

Une plongée autobiographique qui trouvera des échos intéressants et questionnera, à cinquante ans de distance, les générations ayant hérité des folles aspirations d’alors.

L’amour, l’infini, et au-delà

Ni oui ni non; le titre donne le ton: on ne va pas voyager au pays des certitudes et des assertions catégoriques! Dans sa préface, Tomi Ungerer affirme que lorsque Alexandre Lacroix, directeur de rédaction de Philosophie Magazine, lui a proposé de tenir une rubrique qui répondrait à des questions d’enfants (rubrique dont Ni oui ni non est une compilation), il a «bondi sur l’occasion comme un fauve sur sa proie!»

Car il est l’un des premiers créateurs à avoir considéré l’enfant comme un interlocuteur à part entière, capable de discernement, apte à être confronté à l’existence et à ses passionnantes, douloureuses, joyeuses, absurdes, en un mot multiples réalités.

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«Comment sait-on qu’on aime?» «Est-ce que c’est bien qu’il y ait des zoos?» «Qu’est-ce qu’il y a au-delà de l’infini?» «Qu’est-ce qu’il y a dans le noir qui fait toujours peur?»

Les questions (regroupées en fin d’ouvrage dans un index thématique), sont aussi variées que le ton des réponses où se côtoient le sérieux et le loufoque, le grave et le déraisonnable, le malicieux et le sarcastique.

C’est du Tomi Ungerer, et c’est une excellente façon de lancer des discussions!


Paule du Bouchet, «68 année zéro», Gallimard jeunesse/Scripto. Dès 13 ans.

Tomi Ungerer, «Ni oui ni non. Réponses à 100 questions philosophiques d’enfants», L’école des loisirs/Médium. Dès 10 ans.