Genre: roman
Qui ? Philippe Djian
Titre: Vengeances
Chez qui ? Gallimard, 192 p.

Après Incidences publié en 2010, voici Vengeances. Remarquez la rime, le mot lourd de sens et le pluriel, qui donne au titre son poids. Et ce n’est pas le seul parallèle. Ici, comme dans le roman précédent, on boit énormément. Ici, comme précédemment, la cinquantaine du mâle narrateur et narré – nommé Marc dans les deux textes – est lourde à porter et la jeunesse est un lointain mirage. Y songer ou s’y frotter réveille une sorte de culpabilité triste clairement perceptible entre deux cocktails: bouffées de regrets amers pour cette jeunesse enfuie à laquelle on n’a pas été assez fidèle; remords tenaces, incompréhension face aux jeunes d’aujourd’hui à qui l’adulte quinquagénaire est bien incapable de léguer quoi que ce soit, sinon poisse et désespoir.

Ce dernier thème – qui n’est pas sans intérêt, au contraire – est au centre de Vengeances, par ailleurs invraisemblable histoire qui s’ouvre sur le suicide d’un adolescent, le délire consécutif du père et l’apparition éthylique d’une ex-petite amie du fils défunt, aussi sociable qu’un porc-épic enragé. Jusqu’ici pourquoi pas… Mais quand l’histoire plonge dans la jalousie rance – le père et ses deux amis, leurs relations décomposées qui s’enfoncent sous les coups de la décapante nymphette –, quand le récit creuse péniblement son sillon jusqu’au viol et à la torture, on a envie de crier: «Stop!»

Le propos se perd dans des brumes d’alcool, se noie dans un style dont on sent qu’il fut rock’n’roll mais qui prend, dans ce livre, l’allure d’un vieux blouson de cuir usé.