Philippe Rahmy n’est plus
Carnet noir
Atteint par la maladie des os de verre, l’écrivain lausannois avait obtenu le Prix suisse de littérature pour «Allegra». «Monarques», paru fin août, compte parmi les plus beaux titres de cette rentrée

Le poète et romancier Philippe Rahmy n’est plus. Agé de 52 ans, il était atteint de la maladie des os de verre. Il a pu, grâce à son talent précoce et fulgurant, écrire une œuvre dense, poétique et romanesque, axée sur le rapport au corps, à la douleur, aux mots.
Une vie basée sur les mots
Décédé le 1er octobre, il a pu voir publié Monarques (La Table ronde), l’un des livres les plus marquants de cette rentrée 2017, un hommage à son père égyptien, une évocation de sa propre enfance placée sous le signe de la maladie ainsi qu’une exploration de la figure de Herschel Grynszpan, cet adolescent juif de 17 ans qui tua un fonctionnaire nazi à Paris en 1938. Philippe Rahmy venait d’obtenir une résidence d’écriture à la Fondation Jan Michalski à Montricher. Il y avait encore écouté l’écrivain et essayiste argentin Alberto Manguel lundi soir.
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Philippe Rahmy avait fait des mots la colonne vertébrale de sa vie. Après deux recueils de poésie, parus aux Editions Cheyne en 2005 et 2007, il a exploré diverses formes d’écriture expérimentale, notamment sur la plateforme de création et de critique littéraire remue.net, dont il était toujours l’un des piliers. Maniant images, sons, vidéos et mots, Philippe Rahmy avait toujours plusieurs projets poétiques en cours, comme celui sur les villes abandonnées, projet d’écriture collaborative sur les ruines pour les Editions D-Fiction.
Une œuvre à lire et à relire
En 2013, Béton armé lui vaut une reconnaissance immédiate dans le monde littéraire francophone. Ce récit de voyage à Shanghai sera salué par quatre prix littéraires (mention spéciale du Prix Wepler-La Poste, meilleur récit de voyage du magazine Lire, Prix Pittard de l’Andelyn, Prix Michel-Dentan). Allegra lui a valu un Prix suisse de littérature et le Prix Rambert.
Sur le fil d’une existence qu’il savait comptée, Philippe Rahmy était un passeur, tissant des ponts de mots entre les êtres, observateur aimant d’une humanité blessée, fragile. Il laisse, pour tous ses lecteurs, un vide immense. Il laisse une œuvre à lire et à relire.