Quelques nouvelles de Julian Barnes
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Ecrire des nouvelles est un art dont raffole Julian Barnes, l’auteur du «Perroquet de Flaubert»
Ecrire des nouvelles est un art dont raffole Julian Barnes. Il y mêle la mélancolie et l’ironie, la fantaisie et le sens de l’observation, en faisant son miel avec les moindres broutilles de l’existence. Et, parfois, il s’empare de nos mythes et de nos légendes pour donner sa propre interprétation, toujours drôle: dans Une Histoire du monde en 10 chapitres ½ , qui vient d’être réédité au Mercure de France, il offre à ses lecteurs des versions assez singulières des aventures de Noé, des guerres de religions ou du drame du radeau de la Méduse.
En même temps, Barnes publie un nouveau recueil de nouvelles, Pulsations , dédié à son épouse Pat Kavanagh, décédée en 2008. Dans l’un de ces récits, il évoque avec une tendresse merveilleuse l’époque de leurs premières amours sur une île écossaise au goût de Cocagne où ils avaient loué un gîte, à la veille de leur mariage. Les autres nouvelles sont particulièrement variées. On y voit un peintre corriger malicieusement un détail de son tableau – pour se venger de son modèle –, un vieux couple lutter contre la maladie, un prof névrosé dévoiler ses lubies au cours d’une randonnée ou deux romancières se crêper le chignon à l’heure du thé. Quant à la classe moyenne britannique, elle inspire souvent Barnes et il lui consacre quelques digressions malicieuses: nous sommes chez Phil et Joanna, au coin du feu, en compagnie de bobos qui pérorent à propos de l’euro, d’Obama, du réchauffement climatique et, parfois, du sexe. L’auteur du Perroquet de Flaubert se glisse parmi eux incognito et il en profite pour épingler les travers de ses contemporains en les observant par le trou de la serrure. Ses histoires sont donc souvent banales mais, sous la plume de celui qui vient de recevoir le Booker Prize 2011, les petits riens de la vie deviennent de grands sujets de méditation. La légèreté en prime.