A la recherche de l’écrivain japonais inconnu
Qui est l’auteur de la nouvelle «Le Maître parfumeur», merveille sur la vie qui s’échappe?
C’était le risque, on le savait. De laisser les jours filer et de remettre sans cesse ce que l’on rêvait de faire. Mais certains livres sont têtus, heureusement. Les semaines, les mois ont beau passer, ils reviennent, placides, sûrs de leur force. Celui dont il sera question ici est de cette trempe. Non, ce n’est pas cela. Le Maître parfumeur (Editions de l’Aire) est un livre à part. On ne peut pas l’écarter. Poser les yeux sur lui, si mince soit-il, à peine 30 pages, c’est immédiatement ressentir l’énergie mystérieuse qu’il contient, comme une vision fugace, celle d’une vie qui passe, miroitante, et qui s’éteint.
Le Maître parfumeur est signé par un auteur japonais dont on ne sait rien, Nagaoka Taeko. En tous les cas, c’est ainsi que le présente son traducteur en français, Charles Timori, dans une note placée au début du livre. C’est au cours d’un voyage au Japon, en 2015, qu’il est tombé sur cette nouvelle, en survolant des yeux la bibliothèque d’un ami. Le livre avait été édité en 1967 par une maison qui n’existe plus. Décidé à traduire le texte, Charles Timori commence des recherches sur son auteur mais ne trouve ni date de naissance ni date de décès. Juste quelques poèmes dans une revue littéraire des années 1920, la Bundei Jidai.