Enfant
Les assiettes traversent le temps et les civilisations, d’étranges bonshommes font rêver, de quoi amener les petits vers les arts plastiques

◗ Dis-moi dans quoi tu manges et je te dirai qui tu es… C’est un peu l’idée de l’art dans mon assiette, un livre séduisant. Béatrice Fontanel, au gré de ses visites muséales, a photographié plus de quarante assiettes; la plus ancienne date de 2500 ans, les plus récentes sont signées Picasso, James Carpenter, Daniel Spoerri.
Dans l’intervalle, notre histoire et notre culture apparaissent: l’Iran du XIIIe siècle avec le tête-à-tête d’un couple mongol, la collaboration entre artisans musulmans et chrétiens dans l’Espagne du XVe siècle, une scène mythologique, une représentation biblique, un paysage japonais, mais aussi un trompe-l’œil, et plus près de nous des œuvres de Vuillard, Van Dongen, Matisse…
Chaque pièce est montrée sur un fond qui la met en valeur, tandis qu’une page de texte explique, dans un habile jeu de caractères et une belle harmonie de couleurs, le motif représenté, tout en le plaçant dans son contexte historique.
Privilégiant ce qui intéresse l’enfant (les animaux, la cocasserie d’une scène, les jeux), ce surprenant documentaire fait entrer l’art au cœur du quotidien domestique.
Apprendre à voir
Après des «bobines» et des «bestioles» d’art brut, Lucienne Peiry, grande spécialiste en la matière, propose un Bonhomme d’art brut dans tous ses états.
Un géant signé Santoro, une «Female Drinker» signée Bill Traylor, et de nombreuses autres œuvres, la plupart sans titre, composent les images follement inventives de ce tout-carton qui peut certes s’adresser aux tout jeunes enfants, mais pour comprendre le texte, quelques années supplémentaires s’imposent.
«A quel animal ce singulier personnage te fait-il penser?» «Arrives-tu à imiter la posture de ce bonhomme?» C’est par une question ou une exclamation qu’est introduite chaque représentation: une façon d’inciter le petit lecteur à s’impliquer, même émotionnellement, même physiquement, dans son approche et sa compréhension de l’œuvre; une façon, également, de rendre plus accessibles ces étonnantes figures.
Les styles, les techniques, les supports varient si bien que les enfants trouvent là, très soigneusement présentée, la plus belle des diversités: celle de l’homme, de ses moyens d’expression, de son psychisme.
A noter la parution, dans un même esprit et chez le même éditeur, de l’ouvrage Architectures d’art brut par Anic Zanzi, qui accompagne l’exposition à découvrir jusqu’au 17 avril 2016 à la Collection de l’Art brut à Lausanne. ■