■ Un magazine dédié au livre en Suisse

Le premier numéro du magazine LIVRESUISSE vient de paraître. Dossiers, enquêtes, chroniques et agendas littéraires, le but est avant tout d’offrir un regain de visibilité et de valoriser la production éditoriale suisse. Imaginée par l’association des métiers du livre éponyme, la revue est disponible gratuitement en ligne, mais également dans les librairies romandes. Le magazine sera bisannuel et se présente comme un «compagnon de lecture» à part entière.

Ce premier numéro met les femmes de l’édition à l’honneur dès les premières pages à travers une enquête intitulée «Printemps des femmes de l’édition romande». S’ensuivent des pages d’actualité sur le monde du livre, recensant les événements à venir, dont des prix littéraires. On y retrouve également un poster des nouveautés, une interview de Frédéric Pajak, ainsi qu’un dossier sur la Foire du livre de Bruxelles.

La part belle est cependant laissée à la critique littéraire sur une vingtaine de pages, permettant de faire un tour d’horizon des genres de la saison littéraire printemps-été 2021. En faveur du livre francophone en Suisse, LIVRESUISSE rassemble quelque 120 libraires, éditeurs et diffuseurs soucieux de «promouvoir en Suisse comme à l’étranger la scène littéraire et la production éditoriale suisse dans toute leur diversité».

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■ Saint-Ex chez les Saints Pères

Les Editions des Saints Pères présentent leur nouvelle réalisation: le fac-similé du manuscrit de Courrier Sud, premier roman d’Antoine de Saint-Exupéry. Tiré à 1000 exemplaires, présenté dans un coffret, le volume présente les 171 feuillets rédigés tantôt au crayon tantôt à l’encre, et même à la machine à écrire, présentant des formats différents et des illustrations griffonnées par l’auteur. Des esquisses et des dessins rythment aussi le manuscrit.

Le document est issu des collections de la Fondation Martin Bodmer. Courrier Sud, publié en 1929 chez Gallimard, suit l’histoire tragique de Jacques Bernis. Aviateur pour l’Aéropostale dans les années 1920, il y est responsable du courrier de Toulouse à Dakar et Casablanca, tout comme le fut Saint-Exupéry à la même époque. Un récit d’aventures, d’amour contrarié, relatant l’expérience de pilote inspirée de celle de l’auteur, mais aussi de la solitude, de la peur et de l’héroïsme dont il a dû faire preuve. L’éditrice Jessica Nelson explique qu’il s’agit d’un «manuscrit très riche qui est très différent de la version éditée connue». A découvrir ou à redécouvrir donc…

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■ Edition Bret Easton Ellis

Le site de l’auteur américain Bret Easton Ellis est en constante évolution. Depuis novembre dernier, il y propose des podcasts au cours desquels il lit ses Mémoires intitulés The Shards. Si les deux premiers épisodes sont accessibles gratuitement, la suite, partagée toutes les deux semaines, est disponible par un système d’abonnement mensuel.

Si le concept a déjà séduit près de 4000 personnes, le site propose également des éditions originales dédicacées, des marque-pages et autres goodies littéraires, le tout moyennant un paiement en cryptomonnaie. Plus qu’une page personnelle, BEE entend développer une véritable maison d’édition «pour promouvoir les livres, la lecture et l’écriture».

Sans pour autant quitter totalement le monde de l’édition classique, le projet tournerait autour de contenus exclusifs, d’œuvres inédites et d’objets de collection. Todd Michael Schultz, responsable du projet, explique: «Nous organiserons des ateliers d’auteurs, gratuitement, en rémunérant les écrivains pour leurs écrits. Et nous projetons la création d’une fondation en Islande, comme une attraction touristique.»

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■ Liberté d’expression en temps de pandémie

En ouverture de son Case Report de l’année 2020, le PEN international, défenseur des auteurs à l’international, fait état d’une véritable crise pour la liberté d’expression durant cette année de pandémie. Il pose également la question d’un possible lien entre l’épidémie de Covid-19 et les décisions liberticides prises par certains gouvernements censurant les voix critiques.

Car, si la majorité de ces mesures sanitaires sont nécessaires et légales, les preuves sur lesquelles elles reposent ne semblent pas toujours convaincantes, transformant la crise en opportunité et constituant une menace inédite pour la liberté d’expression. Le rapport cite en exemple les cas de la Chine et de l’Ouganda dont les mesures de lutte contre le covid ont permis l’interpellation d’un écrivain dissident et la perquisition du domicile d’un autre.

Dans ce rapport annuel, le PEN international fait le point sur les différentes affaires d’agressions dirigées vers les écrivains, suivies par l’organisation, mais également des atteintes à la liberté d’expression sous le couvert de la lutte contre la diffusion de fausses informations concernant le virus. Et cette année, ce sont près de 220 faits qui ont été relevés, soit huit de plus que l’an dernier, parmi lesquels menaces, harcèlements, emprisonnements, jugements, ou encore incarcérations en attente de procès.


Nicolas Gary est directeur du site ActuaLitté.


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