Le narrateur est revenu à la pension Rothmeer, où il a coutume de soigner ses chagrins d’amour dans la chambre aux nénuphars. L’établissement est fréquenté par de charmantes étudiantes grecques. Sous la bienveillante attention de Madame Rothmeer, «vêtue de métal en fusion», il y règne un climat festif, teinté d’un érotisme que cristallise la belle Anaïs. «Il y a dans chaque femme une rumeur, comme dans une coquille», et cette musique est charmante. Un hôte nouveau, un amer buveur d’eau minérale, qui mange avec férocité, comme on se venge, vient plomber cette atmosphère légère. Pour le narrateur, l’intrus représente un défi. La chronique feutrée des événements minuscules qui agitent la pension est zébrée de remarques et de digressions quasi surréalistes.
C’est justement l’art de Pierre Girard que ces sursauts d’étrangeté dans un récit d’apparence anodine. S’il aimait Giraudoux, Valéry Larbaud, Oscar Wilde, il a su trouver son style propre.