Julian est une sirène fait partie des livres nécessaires, ceux que l’on chérit d’exister, et s’il va peut-être cabrer certains adultes, il aidera des enfants. Car ce premier album de l’Américaine Jessica Love parle de liberté, d’imaginaire et d’identité.

La narration commence (et s’achève) avec des pages de garde où de plantureuses grands-mères afro-américaines jouent les naïades. Revenant de la piscine, Julian et sa Mamita croisent trois créatures très fardées, juchées sur de hauts talons et arborant des robes longues s’achevant en queue de poisson.

Après quelques doubles pages illustrant ses rêveries, l’enfant dit: «Mamita, moi aussi je suis une sirène.» Et profitant de l’éloignement de l’aïeule, il se déguise, se maquille, accroche des fleurs et des fougères dans ses cheveux, noue un long rideau autour de sa taille. La réaction de la grand-mère lorsqu’elle voit son petit-fils? Elle est bouleversante. Elle lui tend un collier, et la main. Et ensemble ils vont voir les sirènes. Celles de la Mermaid Parade de Coney Island…

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Entre l’exubérance des images (pastel mais follement joyeuses) et la sobriété du texte, voici une lecture qui encourage l’enfant à être soi, à affirmer ses désirs, à exprimer ce qu’il ressent. Une lecture qui montre l’empathie et la diversité des êtres, non le jugement, non la contrainte.

La raquette à météorite

Il a un nom à coucher dehors, le nouveau personnage imaginé par Delphine Perret! Et ça tombe bien, car il vit quelque part dans l’espace. Vézovèle Tüpoleck, ce sont trois courtes aventures – et déjà voici le lecteur sous le charme de ce drôle de loustic qui aime changer de forme (un régal pour une dessinatrice!), tenter quatre bosses, cinq bras, un nez pourquoi pas, et qui aime aussi observer les humains. «Bienvenue», nous dit la première histoire, qui est une invitation joyeuse à tout expérimenter, tout inventer, et comment ne pas comprendre que c’est la multiplicité et la disparité en nous, et chez les autres, qui est ici célébrée.

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Plus loin, Vézovèle invente la raquette à météorite ou emmène un astronaute sur «la Vaste Route des Petites Planètes»: poésie et loufoquerie s’entrechoquent.

Les nombreuses adresses au lecteur, le charme et l’humour tant du texte que des illustrations, et bien sûr la finesse des propos, tout contribue à faire de ce livre un joyeux ovni.


Jessica Love

«Julian est une sirène»

Ed. Pastel

Dès 5 ans


Delphine Perret

«Vézovèle Tüpoleck»

Ed. Les fourmis rouges

Dès 5 ans.