Genre: roman
Qui ? Metin Arditi
Titre: Le Turquetto
Chez qui ? Babel, 288 p.

Metin Arditi sait raconter des histoires. Son Turquetto fait voyager à travers le temps et l’espace, remontant jusqu’à la Renaissance, voyageant de Constantinople à Venise. Du bazar oriental aux Scuole vénitiennes, le roman enveloppe le lecteur de mille et une couleurs. Il interroge aussi la violence des interdits religieux qui règnent dans les trois monothéismes; il questionne, en outre, ce qui fait que les êtres s’intègrent ou pas dans des sociétés qui leur sont a priori étrangères.

Il est question ici d’un jeune homme juif, né à Constantinople, et merveilleusement doué pour la peinture et le dessin. Il est le fils d’un employé du marché des esclaves. S’il apprend l’art des encres et de la calligraphie en terre musulmane, il comprend vite qu’il va devoir partir s’il veut assouvir sa passion pour la peinture.

Et c’est à Venise, au pays de Titien, sous une fausse identité de chrétien, qu’il épanouira, de façon fulgurante, son talent, bienvenu dans ce monde de la Renaissance italienne où la belle représentation des corps n’est pas sacrilège mais au contraire saluée par les honneurs et récompensée par la richesse.

Mais les origines du Turquetto continueront de le travailler en profondeur pour finalement réapparaître au vu de tous… Metin Arditi, romancier genevois d’origine turque, a reçu pour Le Turquetto de nombreuses récompenses, dont le Prix Jean-Giono. Le Turquetto est nourri par une vaste documentation – le romancier a consulté quantité d’experts et d’ouvrages, dont un spécialiste des tribunaux du Saint-Office, pour que le procès qu’il met en scène soit irréprochable historiquement. C’est un des livres les plus réussis de Metin Arditi, et sans doute le plus chatoyant.