A Venise, sur les traces de Gasparo Gozzi
PROMENADES ITALIENNES (1/3)
AbonnéDans «La Gazzetta veneta» et «L’Osservatore veneto», l’écrivain-journaliste tenait la chronique des anecdotes dont bruissait la Sérénissime à la fin du XVIIIe siècle

Samuel Brussell, écrivain et collaborateur du «Temps», nous entraîne dans ses déambulations en Italie à la rencontre de trois conteurs qui ont porté haut l’art de capter la vie. Cette semaine, Gasparo Gozzi (1713-1786)
L’acqua alta, ce phénomène de crue des eaux à Venise, m’avait accueilli à mon arrivée à la Toussaint 2011: des passerelles avaient été installées le long des venelles vénitiennes – les calli – et c’est en marchant au-dessus de l’eau que mon regard fut attiré par une vitrine de livres d’occasion. J’entrai et entamai une conversation avec la libraire, une jeune femme de Parme qui avait suivi un Vénitien, par amour, me confia-t-elle. Sur l’une de ses étagères, je trouvai, pour un prix modique, un livre de Gasparo Gozzi. Il s’agissait des chroniques de ses journaux, La Gazzetta veneta et L’Osservatore veneto, qu’il rédigea dans les années 1760, aux derniers jours de la république de Venise. Je commençai à lire, fasciné par la fraîcheur et la modernité de ses propos, silencieusement, puis à voix haute. «Comme il est vivant! m’exclamai-je à l’amie libraire. On dirait que sa voix nous parle! C’est comme si, à deux siècles de distance, il était avec nous!»