Bob (Casey Affleck) et Ruth (Rooney Mara) s’aiment. Ils n’auraient pas dû se prendre pour Bonnie et Clyde: les voici assiégés par la police. Un complice est abattu, un policier blessé. Bob part en prison, Ruth est innocentée. Elle reste seule avec sa culpabilité et la petite fille qu’elle a eue de Bob. Celui-ci lui écrit de longues lettres. Il finit par s’évader pour rejoindre la femme qu’il aime et la fille qu’il ne connaît pas. Trois ruffians sont à ses trousses avec de mauvaises intentions. Un flic franc comme l’or (Ben Foster) en pince pour Ruth. On est au Texas, la poudre va forcément parler.

Monteur, auteur d’une flopée de courts et d’un long métrage (St. Nick, en 2009, l’histoire d’un frère et d’une sœur qui fuguent), David Lowery a fait sensation au Festival de Sundance avec ce film d’auteur garanti pur indé. Les Amants du Texas, simple tragédie de l’amour et de la mort située dans les années 70, manifeste de grandes ambitions esthétiques, qui restent assez vaines. Le cinéaste abuse d’ellipses censées rendre mystérieuses des situations finalement assez banales. Sa quête d’apesanteur, ses herbes folles renvoient à Terrence Malick, plus particulièrement à Badlands (1973), par la similitude thématique.

Charme insidieux

La musique (violoncelle, scie, banjo) est irritante comme une otite. Quant à Casey Affleck, son ambiguïté de dur à voix flûtée était irrésistible dans L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford ou Gone Baby Gone. Ce charme insidieux est devenu pénible après l’odieux The Killer Inside Me. En revanche, dans le rôle du Redneck cool tant qu’on ne piétine pas son gazon, Keith Carradine est remarquable, tel le Wild Bill Hicock qu’il campait dans Deadwood.

V Les Amants du Texas (Ain’t Them Bodies Saints), de David Lowery (Etats-Unis, 2013), avec Rooney Mara, Casey Affleck, Ben Foster, Keith Carradine. 1h45.