Magda Szabo, Femina étranger
Dans «La Porte», la Hongroise trace un portrait de femme bouleversant.
Double bonne surprise avec ce Femina étranger, qui récompense une vaillante petite éditrice – Viviane Hamy –, tout en couronnant une romancière hongroise peu connue mais admirable. La Porte (lire le SC du 27 septembre 2003) est un témoignage où Magda Szabo raconte sa relation avec l'inoubliable Emerence, qui fut sa femme de ménage pendant deux décennies à Budapest, entre le début des années 1960 et la fin des années 1970. «Pure comme les étoiles», écrit Magda Szabo à propos de cette domestique exemplaire, dévouée, généreuse jusqu'à l'abnégation, qui ressemble à la Félicité d'Un Cœur simple, et qui cache une âme d'une incomparable noblesse sous ses tabliers amidonnés et ses éternels foulards. D'Emerence, Magda Szabo brosse un portrait dénué de tout pathos, avant de révéler comment cette Cendrillon hongroise sut tracer son chemin de lumière sur les décombres d'une vie ravagée, vouée au mépris et à l'humiliation. Un récit superbe, souvent bouleversant.