Un jour, une idée
Au bout du lac, ce nouveau festival célèbre les liens entre Genève et Alger avec musique, rencontres et projections, du 1er au 4 septembre

En mars 1962, sur la rive sud du Léman, une signature changeait le destin de l’Europe: les Accords d’Evian, facilités par les bons services de la Suisse, mettaient fin à la guerre d’Algérie. C’est pour rappeler ce tournant, et célébrer les liens entre Genève et Alger, que le Festival Maghré’Bains des Pâquis prend cette semaine ses quartiers au bout du lac.
On doit ce délicieux jeu de mots, et ce nouveau rendez-vous estival, à l’association MGRB1, lancée par un frère et une sœur: Amel et Mehdi Merabet, avocate et technicien en radiologie médicale, suisses et algériens. Sur leur temps libre, ils ont concocté quatre jours de fête multidisciplinaire et multiculturelle aux Bains des Pâquis, entre projections, rencontres, musique et humour – placés sous le signe du Maghreb.
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L’idée est née d’un podcast français, Au nom de Safia, dans lequel l’autrice, en tirant le fil de son histoire familiale, remonte jusqu’à la guerre d’Algérie. «Un mélange de la petite et de la grande histoire» qui inspire les Merabet. Des sessions d’écoute seront d’ailleurs proposées lors du festival. S’ils ont sondé leur propre généalogie, le frère et la sœur aspirent plus largement à rappeler le rôle joué par la Suisse dans le processus d’indépendance. «Des avocats ont soutenu les négociations, des imprimeurs ont édité des livres anticolonialistes interdits en France, des clandestins ont été accueillis, énumère Amel Merabet. Les Suisses ont joué un rôle important dans ce qui scellera le sort de tout un peuple. Et donnera l’impulsion au processus de décolonisation.»
Gratuit et inclusif
Eclairer une page méconnue de l’histoire (abordée lors d’une table ronde dimanche) mais aussi la richesse d’un patrimoine, à travers une myriade d’invités: le réalisateur André Gazut, résistant émigré en Suisse en 1960, l’autrice Safia Kessas, l’humoriste Alexandre Kominek ou encore le rappeur Kenzy. Niveau papilles, la buvette proposera thé à la menthe et tajines.
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Communautaire? Au contraire, l’évènement se veut intergénérationnel (avec contes maghrébins pour les enfants) et inclusif. Car «on vient tous d’ailleurs», souligne Amel Merabet. Gratuit, si ce n’est pour l’entrée aux Bains, le festival offrira aussi des consultations juridiques à «toutes ces personnes au parcours migratoire fou, en situation irrégulière à Genève». La philosophie: être utile et créer des ponts – qui relieront les nations maghrébines à d’autres quartiers de Genève lors de prochaines éditions. «Nous sommes nomades par définition!»
Festival Maghré’Bains des Pâquis, du 1er au 4 septembre. Retrouvez tous les articles de la rubrique «Un jour, une idée».