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Marie Le Drian. Ça ne peut plus durer

Marie Le Drian. Ça ne peut plus durer. Julliard, 220 p. Une

Marie Le Drian. Ça ne peut plus durer. Julliard, 220 p.

Une vieille dame qui va se promener sur la falaise en chaussons et sans manteau, qui téléphone à des amis morts depuis longtemps et qui met le couvert pour quatorze personnes qu'elle n'a pas invitées, c'est inquiétant. Un danger pour elle et les autres. Un facteur de désordre. Ça ne peut plus durer: c'est l'avis de ses enfants, «la bande à Madeau», qui s'empressent de faire admettre Léontine-Jeanne au Doux Refuge. Un séjour que l'énergique aïeule est bien décidée à écourter même si elle y fait des conquêtes amoureuses. Son monologue intérieur, drôle et vindicatif, révèle un regard sans aménité sur sa descendance, sur ses compagnons de table, sur le personnel de l'hospice au comportement infantilisant. Bien décidée à ne pas se laisser manipuler ni attendrir par la feinte sollicitude de l'entourage, Léontine est d'une lucidité sans pitié qui contraste avec ses égarements passagers. Déjà dans Le Petit Bout du L (1992) et Hôtel maternel (1996), Marie Le Drian manifestait cette capacité à inventer un langage, faussement réaliste, très crédible, qui révèle les dysfonctionnements de la société – ici, la mise à l'écart des vieux. Le ton parfois burlesque n'en révèle pas moins une réalité pénible et des liens sociaux faussés et hypocrites.