Marina Rollman est drôle. Ça tombe bien, elle est humoriste. Mais ce n’était pas gagné. Lorsqu’en 2009, alors qu’elle vit à Paris, elle décide de tenter sa chance et de s’inscrire à un concours de stand up, l’expérience est catastrophique. «J’aurais alors dû continuer, mais je ne l’ai pas fait et j’ai perdu quatre ans», avoue-t-elle avec le recul.

Mais la roue tourne, heureusement. Et depuis quelque temps, Marina Rollman est partout. Sur le web, où elle s’illustre au sein du collectif Carac Attack, à la radio, où elle incarne dans les matinales de Couleur 3 la doctoresse Simone Schmidt, et sur scène, que cela soit dans le cadre de plateaux collectifs ou en solo, comme récemment au Théâtre de Poche de la Grenette, à Vevey.

Une humoriste tout-terrain

Entre ce soir et lundi, elle n’est pas moins de quatre fois à l’affiche du Montreux Comedy Festival. N’est-ce pas un peu trop? «Il faut bien payer ses factures», se marre-t-elle en soulignant que le fait d’être une jeune femme dans un monde encore majoritairement masculin explique peut-être l’intérêt qu’on lui porte. «Je pourrais me retirer et écrire un livre super triste avant de faire mon come-back, mais vous savez, l’humour, ça ne rapporte pas des mille et des cents… Et il faut bien payer ses factures. De plus, cumuler les expériences, quand on a moins de 35 ans, cela aide à faire le tri afin de pouvoir ensuite pousser l’artisanat sur un domaine plutôt qu’un autre.»

Marina Rollman a fêté en août son 28e anniversaire, elle a donc encore le temps. Et pour l’heure, elle est tellement tout-terrain qu’on la voit mal renoncer au web pour ne faire que de la radio, ou à la scène pour uniquement se consacrer à l’écriture. Son mélange d’assurance et de nonchalance, son franc-parler qui la fait s’épancher sur elle, la vie, le sexe et plus encore comme si elle parlait chiffon, font d’elle le symbole parfait de cette nouvelle génération élevée su stand up à l’américaine; une génération qui n’a pas peur d’enchaîner les vannes sans se déguiser ni incarner un personnage, avec pour seul accessoire un micro.

Tenter sa chance

Evidemment, on ne s’improvise pas humoriste. On ne se réveille pas un matin en se disant que tiens, on pourrait dorénavant faire rire. La Franco-Suisse, née à Genève, a aussi loin qu’elle s’en souvienne toujours été drôle dans le privé. Après divers jobs dans la presse et la publicité, elle a donc décidé de tenter sa chance. «T’es marrante, t’adore voir des spectacles et t’adore écrire, alors vas-y. C’est ce que je me suis dit avant de me prendre ma première claque.»

Elle a certes perdu quatre ans, mais repartir de zéro et commencer à se faire un nom sur les scènes libres romandes lui a permis de prendre cette assurance qui lui manquait peut-être. Du coup, elle multiplie les allers et retours à Paris, tout en ayant déjà à deux reprises écumé les scènes libres américaines. «Si les mécanismes de l’humour sont les mêmes, il y a là-bas un raffinement différent, explique-t-elle. Les Américains sont plus habitués au stand up, on peut être plus étrange dans la forme qu’en Europe.» Aux Etats-Unis, elle a aussi à deux reprises assuré la première partie de Gad Elmaleh.

A ses débuts, Marina Rollman n’avait pas envie de surjouer la féminité. Elle pensait que ne pas être dans la séduction ajoutait du crédit à son humour. «Mais là, je suis dans une période de ma vie où je me dis que je peux me faire belle et sexy, et quand même être marrante.» Et on vous le redit, elle est vraiment marrante cette fille-là!


Marina Rollman se produit à quatre reprises à l’enseigne du Montreux Comedy Festival:

– «La Topito Comedy Night t’explique internet», vendredi 4 déc. à 20 h 30 au Comedy Club.

– «Say that again?», spectacle en anglais, samedi 5 déc. à 20 h 30 au Stand Up.

– «Stand up Carac Attack», dimanche 6 déc. à 16h au Théâtre de Poche de la Grenette (Vevey).

– «Gala de clôture: #hyperconnecté», lundi 7 déc. à 20 h 15 à l’Auditorium Stravinski.

Infos sous www.montreuxcomedy.com