Le 10 septembre 1898, vers 17h, Anselme Murith, à la tête d’une petite entreprise de pompes funèbres fondée dix ans plus tôt, voit surgir dans son office genevois un jeune coursier haletant: «C’est l’impératrice… elle est morte, elle a été… assassinée!» «Sissi assassinée? C’est un drame!» se lamente le croque-mort. Le messager a été dépêché par Charles-Albert Mayer, propriétaire de l’Hôtel Beau-Rivage. L’impératrice Elisabeth d’Autriche venait d’y rendre l’âme, victime quelques heures plus tôt, sur le quai du Mont-Blanc, d’un coup de lame donné par Luigi Lucheni, un anarchiste italien. Rares sont alors ceux qui savent que celle qui était aussi reine de Hongrie est décédée. Son époux, l’empereur François-Joseph 1er, qui se trouve dans son château de Schönbrunn, à Vienne, a été informé vers 16h30. Le comte Paar, son premier aide de camp, lui a tendu un télégramme annonçant la terrible nouvelle. Le souverain s’effondre dans son fauteuil, soupire entre deux sanglots: «Rien ne m’est épargné sur cette terre.»