Les jurés de l’Académie Goncourt ont consacré l’enfant terrible de la littérature française, l’un des auteurs français les plus connus et traduits au monde, au premier tour par sept voix contre 2 voix à la subversive Virginie Despentes pour «Apocalypse bébé». La romancière et réalisatrice a quant à elle été sacrée par le prix Renaudot pour ce roman, un feu d’artifice ironique entre satire sociale, polar contemporain et romance lesbienne.

Depuis son premier roman «Extension du domaine de la lutte» en 1994, Michel Houellebecq, souvent qualifié de professeur de désespoir, décrit avec une froideur clinique la misère affective et sexuelle de l’homme moderne, sa solitude absolue. Dans «La carte et le territoire» (Editions Flammarion), son cinquième roman salué par une critique quasi-unanime, Houellebecq éreinte l’art, l’amour, l’argent, les «people», ironise sur la campagne française et met en scène avec sadisme son assassinat. Il se caricature avec jubilation. Il «pue un peu moins qu’un cadavre» et ressemble «à une vieille tortue malade», écrit-il de son double littéraire.

Mais la tonalité du livre est moins désespérée et glauque que celle de ses précédents romans et sa facture plus classique. L’écrivain avait été évincé du Goncourt en 1998, avec «Les particules élémentaires», et sept ans plus tard, à une voix près, avec «La possibilité d’une île».

Le Renaudot à Virginie Despentes

La subversive romancière et réalisatrice Virginie Despentes a été sacrée lundi par le prix Renaudot pour «Apocalypse bébé» (Grasset), un feu d’artifice ironique entre satire sociale, polar contemporain et romance lesbienne.

Les jurés du Renaudot ont consacré l’égérie underground, moins sulfureuse aujourd’hui, au 11ème tour par 4 voix contre trois à Simonette Greggio pour «Dolce Vita 1959-1979» (Stock).

Son livre, «Apocalypse bébé», attendu depuis quatre ans, est un thriller décalé, un «road-book» entre Paris et Barcelone, dont la narratrice est une de ces «looseuses» chères à la romancière. Près de quarante ans, mal payée et mal dans sa peau, Lucie est employée par une agence de détectives privés. Un jour, une adolescente qu’elle surveille -- c’est sa spécialité -- disparaît. Pour retrouver la jeune Valentine, elle demande l’aide d’une baroudeuse, «La Hyène», homosexuelle et passablement diabolique. D’autres personnages atypiques croisent sa route et composent le portrait d’une époque égarée.

Née en 1969 à Nancy, Virginie Despentes s’installe à Lyon où elle pratique beaucoup de petits boulots. Elle vit à Paris quand parait son premier roman Baise-moi (éd. Florent-Massot) en 1993, un coup de tonnerre dans le monde de l’édition.