Du côté de la scène culturelle, c’est un lever de rideau sans grande surprise: comme prévu, les concerts et spectacles de plus de 1000 personnes seront bel et bien autorisés dès le 1er octobre, sous réserve d’une autorisation cantonale ainsi que d’un plan de protection préalablement validé – sans oublier la nouveauté du jour: les places assises obligatoires.

Le coup de trop pour le directeur d’Opus One, Vincent Sager – qui anticipe déjà une première victime: le concert du rappeur français Dadju, initialement prévu en avril à l’Arena de Genève et reporté au 9 octobre. Rebelote. En effet, 6500 billets ont déjà été vendus pour cette date, alors que la salle ne peut en contenir que 5000. «Tous les concerts à grande jauge seront touchés, dans le champ de ruines qu’est déjà la programmation de l’automne, conclut-il. Faut-il reprogrammer la venue de Dadju au printemps, avec le risque qu’elle soit encore une fois annulée? Même si la configuration s’avère compatible avec les nouvelles mesures, jusqu’à la dernière minute, une poussée de fièvre pourra venir tout bouleverser.»

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Plus qu’une éventuelle incompatibilité entre public assis (la pratique est déjà courante, en particulier aux Etats-Unis) et grosses basses, c’est donc cette incertitude, planant depuis le printemps sur les épaules des organisateurs, qui devient lourde à porter. «J’aurais préféré qu’on nous dise de tout arrêter pendant six mois ou plus, en réfléchissant à une forme de soutien à la branche, lâche Vincent Sager. Là, c’est une autorisation qui n’en est pas une.»


Du côté du sport: 


Prise de risques

Et qui dit jauge réduite dit rentabilité moindre. Une difficulté anticipée par les Docks de Lausanne, dont la capacité maximale de 1010 places frôle la limite maximale fixée par le Conseil fédéral. Pour la venue de la chanteuse Pomme le 1er octobre, et malgré la forte demande (le concert est complet), la salle a choisi de plafonner les ventes de billets à 900, afin justement d’éviter une mesure de ce genre.

Laurence Vinclair, la directrice, s’en félicite aujourd’hui. «Aux Docks, une configuration avec places assises serait impensable. On pourrait placer 250 chaises tout au plus – et encore faudrait-il en avoir! –, ce qui aurait signifié, pour que l’événement soit rentable, de vendre des billets très cher, ou alors de réduire les cachets, ce qui n’est pas notre but.»

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Le concert de Pomme se fera donc debout, avec des secteurs de 300 spectateurs comme pour toutes les manifestations de moins de 1000 personnes. Pour le reste, ce sera au cas par cas, mais Laurence Vinclair se résout à ce flou artistique. «Soit on décide que cela nous paralyse d’ici à ce qu’un vaccin soit trouvé, soit on prend le risque de proposer des choses au public. La demande est là, alors nous ferons tout notre possible pour y parvenir.»