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AbonnéDans un essai brillant, la Genevoise Annick Morard autopsie le grand corps hybride de la Russie, au miroir des créatures aberrantes, vues par les écrivains

En russe, monstre se dit ourod. Il existe d’autres mots – monstr, tchoudovichtche, divo – mais ourod caractérise «un individu marqué par une malformation importante», et aussi «un être particulièrement laid». C’est ce qui intéresse Annick Morard, «le corps monstrueux, dans sa dimension physiologique et organique». Elle guette «les chairs débordantes et extraordinaires, les déformations effroyables et effarantes, les membres surnuméraires et les parties sectionnées, les mutilations et blessures horrifiques, les hybridations interspécifiques et les naissances inexplicables, les métamorphoses ubuesques et les devenirs affolants».