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La Mostra coupée en deux

Dès aujourd'hui, le festival voit ses stars s'envoler vers Toronto.

Quel week-end que celui qui vient de se dérouler au Lido! Keira Knightley, George Clooney, Charlize Theron, Jude Law, Michael Caine, Brad Pitt ou/et (forcément) Angelina Jolie côté stars, tandis que les grands auteurs n'étaient pas en reste, de Takeshi Kitano à Ang Lee, en passant par Kenneth Branagh, Shinji Aoyama, Brian De Palma, Ken Loach, Claude Chabrol ou Wes Anderson. Encore une semaine comme ça et c'est le burn out cinéphile assuré, rapatriement par hélicoptère et congé sabbatique au moins jusqu'aux Journées du cinéma suisse de Soleure l'année prochaine. Surtout pour les journalistes people, gavés de potins - pourquoi le roi de la comédie italienne, l'octogénaire Mario Monicelli, se promène avec un immense coquart au visage? (parce qu'il a glissé, heureusement sans gravité, dans sa douche à l'Hôtel des Bains!) - et de courses-poursuites en water-taxis sur le Grand Canal.

Sauf que la suite de la Mostra ne sera pas du même acabit. Mieux, jusqu'au palmarès du samedi 8 septembre, le cinéma reprend tous ses droits. Car les stars, s'offrent en ce moment le deuxième jet-lag de la quinzaine en rejoignant le Festival de Toronto qui s'ouvre mercredi. Depuis quelques années en effet, cette manifestation non compétitive est devenue LA rampe de lancement des films pour la rentrée nord-américaine. L'enjeu est donc énorme, pour les films du monde entier comme pour ceux de Hollywood, puisque Toronto marque également le début de la course aux Oscars.

Enorme plate-forme industrielle et artistique soutenue massivement par l'Etat canadien, Toronto - sa cinémathèque toute neuve, ses écoles de cinéma sans pareil, ses plateaux de tournage où la plupart des films hollywoodiens et des séries TV sont tournés aujourd'hui - n'est pas loin de posséder le festival le plus important du monde. Et ce statut coupe littéralement la Mostra en deux.

A partir de mardi, le Lido paraîtra libre pour des films plus confidentiels. Libre aussi pour revenir tranquillement, dans ces colonnes, sur l'embouteillage de films de première importance que nous avons découvert ce week-end. Films de cinéastes qui s'amusent: Glory to the Filmmaker! de Takeshi Kitano, Les Amours d'Astrée et de Céladon d'Eric Rohmer ou The Darjeeling Limited de Wes Anderson. Et films qui décrivent un monde sans héros: It's a Free World de Ken Loach, Cassandra's Dream de Woody Allen, The Assassination of Jesse James by the coward Robert Ford d'Andrew Dominik.