Dimanche 30 août 2008, Lido de Venise, 18 km², 17000 habitants à l'année: Ponyo est projeté en compétition dans le cadre de la Mostra. A voir la foule hystérique qui réserve à Hayao Miyazaki un tapis rouge digne de Brad Pitt et George Clooney en ouverture du festival, l'affaire est entendue: le chemin du succès sera international pour ce dixième long-métrage du maestro. Ses admirateurs attendent depuis trop longtemps (quatre ans) pour bouder le plaisir de retrouver Miyazaki, son style simple, sa ligne claire, son imaginaire féerique et ses vertiges philosophiques.
Lion d'or en puissance
Et puis la lumière s'est éteinte et le miracle s'est produit à nouveau, comme en février 2002, lorsque Le Voyage de Chihiro avait mis toute la Berlinale d'accord, même les festivaliers les plus blasés, en remportant l'Ours d'or. Lion d'or vénitien en puissance, Ponyo ne raconte pas seulement une magnifique histoire: celle, inspirée par La Petite Sirène d'Anderson, de Ponyo, une princesse poisson rouge qui décide d'échapper à la tyrannie de son père pour prendre forme humaine et aller, petite fille, vivre avec celui qui l'a un jour sauvée, Sosuke, petit garçon de 5 ans qui vit seul avec sa maman dans une maison plantée sur une falaise au-dessus de l'océan.
Féerie d'amour et de responsabilité, d'eau et de vie, qui montre des enfants comme ils sont et non pas comme le marketing les imagine, Ponyo est aussi un tsunami poétique (catastrophe à laquelle il fait évidemment référence) qui a recours à des techniques nouvelles pour Miyazaki, mais, en réalité très anciennes: les couleurs pastel au crayon et, bien sûr, vu le sujet du film, la peinture à l'eau. «Ce film, expliquait Miyazaki dimanche, est ma modeste réponse aux blessures et aux doutes de notre temps.»