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La Mostra craque pour un poisson nommé «Ponyo»

La nouvelle merveille d'Hayao Miyazaki, roi de l'animation nippone, a émerveillé Venise ce week-end.

Samedi 19 juillet 2008, Japon, 377835 km², 127,5 millions d'habitants: Ponyo on the Cliff by the Sea (Gake No Ue No Ponyo, qui sortira au début 2009 vraisemblablement sous le titre Ponyo) apparaît sur les écrans nippons. C'est un raz-de-marée historique: 1251107 Japonais - un citoyen sur 100! - prennent les fauteuils d'assaut. A ce jour, Ponyo a déjà rapporté plus de 100 millions de francs et continue, un mois et demi après sa sortie, d'être joué dans près de 500 salles. Le film est même le septième plus gros succès international de l'année, alors qu'il n'a été projeté que dans son pays. En fin d'exploitation, il sera sans doute, sinon le premier, du moins l'un des quatre plus grands phénomènes de l'histoire du cinéma japonais. Il se glissera de toute manière quelque part dans le tiercé actuel: Le Voyage de Chihiro (2001), Le Château ambulant (2004) et Princesse Mononoké (1997), trois films déjà signés par Hayao Miyazaki, 67 ans, dieu de l'animation japonaise et fondateur, en 1985, du célèbre studio Ghibli.

Quatre ans d'attente

Dimanche 30 août 2008, Lido de Venise, 18 km², 17000 habitants à l'année: Ponyo est projeté en compétition dans le cadre de la Mostra. A voir la foule hystérique qui réserve à Hayao Miyazaki un tapis rouge digne de Brad Pitt et George Clooney en ouverture du festival, l'affaire est entendue: le chemin du succès sera international pour ce dixième long-métrage du maestro. Ses admirateurs attendent depuis trop longtemps (quatre ans) pour bouder le plaisir de retrouver Miyazaki, son style simple, sa ligne claire, son imaginaire féerique et ses vertiges philosophiques.

Lion d'or en puissance

Et puis la lumière s'est éteinte et le miracle s'est produit à nouveau, comme en février 2002, lorsque Le Voyage de Chihiro avait mis toute la Berlinale d'accord, même les festivaliers les plus blasés, en remportant l'Ours d'or. Lion d'or vénitien en puissance, Ponyo ne raconte pas seulement une magnifique histoire: celle, inspirée par La Petite Sirène d'Anderson, de Ponyo, une princesse poisson rouge qui décide d'échapper à la tyrannie de son père pour prendre forme humaine et aller, petite fille, vivre avec celui qui l'a un jour sauvée, Sosuke, petit garçon de 5 ans qui vit seul avec sa maman dans une maison plantée sur une falaise au-dessus de l'océan.

Féerie d'amour et de responsabilité, d'eau et de vie, qui montre des enfants comme ils sont et non pas comme le marketing les imagine, Ponyo est aussi un tsunami poétique (catastrophe à laquelle il fait évidemment référence) qui a recours à des techniques nouvelles pour Miyazaki, mais, en réalité très anciennes: les couleurs pastel au crayon et, bien sûr, vu le sujet du film, la peinture à l'eau. «Ce film, expliquait Miyazaki dimanche, est ma modeste réponse aux blessures et aux doutes de notre temps.»