Par les mots et les images,Gustave Roud guettait le paradis

Hommage Le Conseil d’Etat vaudois dédie l’année 2015 au poète du Jorat

Des expositions, des parutions, un site portent un nouveau regard sur l’écrivain-photographe

Une année pour célébrer le poète Gustave Roud, ainsi en a décidé le Conseil d’Etat vaudois sous l’impulsion du Centre de recherches sur les lettres romandes et l’Association des amis de Gustave Roud. Un site, disponible à partir d’aujourd’hui (gustave-roud.ch), trois livres et quatre expositions vont ponctuer, jusqu’en janvier, cet hommage qui entend présenter l’œuvre de l’artiste dans son ensemble, littéraire et photographique. Une ferveur intense a toujours entouré et la personne et l’œuvre du poète, qui a passé presque l’entier de sa vie (1897-1976) dans les collines du Jorat, où se tient toujours l’ample ferme familiale, à Carrouge.

Comme l’explique Brigitte Waridel, cheffe du Service des affaires culturelles de l’Etat de Vaud: «Il se passe quelque chose de particulier avec Gustave Roud. On ne peut pas le qualifier de poète populaire mais même si l’on n’a pas lu beaucoup de sa poésie, je dirais même si l’on ne l’a pas lu, il est puissamment associé à nos paysages, à notre culture, à notre mémoire collective.» D’où ce label, «2015, année Gustave Roud», apposé aux différentes manifestations. Un label qui, de mémoire de chercheur et de haut fonctionnaire, n’a pas eu de précédent.

A l’origine de l’idée, Daniel Maggetti, directeur du Centre de recherches sur les lettres romandes. L’institution fête cette année ses 50 ans d’existence. Plutôt qu’une fête anniversaire classique, le responsable souhaite un événement qui présente au mieux les multiples facettes du centre: «Gustave Roud constitue notre fonds d’archives le plus important. De plus, il a, dès 1915 et tout au long de sa vie, touché à tous les aspects de l’activité littéraire: poésie, critique, correspondance, traduction. Il a été un acteur et un accompagnateur de l’histoire culturelle vaudoise du XXe siècle. Il n’a jamais occupé une position de pouvoir ou d’autorité visible mais depuis les coulisses, au sein des revues ou des jurys des prix littéraires, son influence était considérable. Des écrivains comme Philippe Jaccottet, Georges Borgeaud, Jacques Chessex, Maurice Chappaz ont tous tenu des correspondances avec lui. Il s’agit aujourd’hui de dépasser la ferveur qui l’entoure pour permettre un regard neuf sur son œuvre.»

Ce regard neuf passe largement par la mise en valeur de l’œuvre photographique du poète. Connue, exposée (au Musée de l’Elysée à Lausanne et à Beaubourg à Paris à la fin des années 1980), et publiée, de façon sélective, dans un livre de Nicolas Crispini (Slatkine, 2002), cette œuvre est restée néanmoins toujours en retrait par rapport à la poésie de Gustave Roud.

Antonio Rodriguez, professeur associé en littérature française à l’Université de Lausanne, est le président de l’Association des amis de Gustave Roud depuis 2009. Dès aujourd’hui, et à l’occasion du lancement de l’année Gustave Roud, le site de l’association devient une plateforme bilingue français-anglais, et surtout visuelle, conçue pour satisfaire la curiosité des amateurs qui se font de plus en plus nombreux bien au-delà des pays francophones: «Les 13 000 photographies de Gustave Roud constituent une vraie recherche esthétique qui ne peut pas être ramenée à une simple illustration de son œuvre littéraire. Ses photos tiennent un discours propre, plus profane que sa poésie. Il a mené cette recherche toute sa vie, en parallèle de son œuvre poétique, suivant au plus près les évolutions technologiques. Il adopte ainsi la pellicule couleur dès la fin des années 30. Ses photographies qui exaltent les corps de paysans sont connues. Mais son œuvre comprend aussi des natures mortes, des paysages, des portraits. Cette année Gustave Roud est l’occasion de faire advenir sa double activité de créateur: écrivain et photographe. Gustave Roud a été un écrivain-photographe pionnier. De quoi renouveler son image et attirer vers lui de nouveaux publics.»

«Gustave Roud a été un écrivain-photographe pionnier. De quoi attirer vers lui de nouveaux publics»