Les mots de la semaine. «Des scorpions sous les lits»

- 1er août 1939

Arrivée à Herat en compagnie d'Ella Maillart, Annemarie Schwarzenbach s'inquiète au sujet de sa Ford: «Notre voiture a surmonté pas mal d'épreuves: tempête de sable, désert de chardons et lits de rivières remplis d'énormes cailloux; en outre, pas plus tard que la veille, alors que je franchissais un malencontreux petit pont de terre, elle s'est renversée sur le flanc gauche dans un fossé assez profond.»

- 2 août 1955

«Cher Fritz! écrit Max Frisch à Dürrenmatt, je te remercie pour ton charmant petit livre sur le théâtre, que j'ai lu avec plaisir, mais qui finalement ne m'a pas comblé autant que je l'aurais souhaité. Quand en reparlerons-nous? J'ai toujours le projet de faire une apparition à Neuchâtel, et voilà que juillet est passé.»

- 3 août 1959

Maurice Chappaz (photo) recopie des poèmes de Cesare Pavese pour Gustave Roud: «J'estime beaucoup Pavese, il y a du tanin en lui, il y a une amertume qui est de la force.»

- 4 août 1921

Coup de blues de Guy de Pourtalès pour son quarantième anniversaire: «Je ne suis plus un jeune homme... et je sens cela comme quelque chose d'assez tragique. Avoir du succès après quarante ans, est-ce encore avoir du succès? Dans les arts, la gloire est pour les jeunes gens. Aux hommes, il reste l'admiration et l'estime. Peut-être seulement la sympathie. Car les femmes admirent-elles un homme de plus de 40 ans?»

- 4 août 1949

Alice Rivaz raconte à Pierre Girard ses vacances à Porquerolles, dans une propriété où les rats dormaient sur les palmiers, et les scorpions sous les lits. Sans parler des «thomises, épeires, criquets, mantes religieuses, cigales, cocons, innombrables dans le parc et dans l'île. Je relis maintenant leurs histoires dans mon vieux Fabre [l'auteur des Souvenirs entomologiques] et redécouvre leur férocité presque aussi grande que celle des hommes (pas tout à fait cependant, la palme nous restant encore)».