Lettrisme

Premier tapage lettriste, le 8 janvier 1946: Gabiel Pomerand et Isidore Isou perturbent une soirée de Tristan Tzara, en déclamant des poésies phonétiques. Leur déconstruction en lettres et sons vise à revenir aux éléments fondamentaux, afin de redonner une pureté à la création poétique mais aussi plastique, cinématographique, vitale. Né en 1925 en Roumanie, Jean-Isidore Goldstein (Isou), suite à sa révélation «lettriste» à 17 ans, monte à Paris durant la guerre pour changer le monde. Sa théorie de la déconstruction doit servir de base pour tout réarticuler. Il n'aura de cesse de l'élargir aux savoirs les plus divers: architecture, psychologie, chimie, économie, théologie. Sa bible, La Créatique, paraît en 2003. Isou vit toujours, mais est atteint dans sa santé. Le mouvement s'élargit en 1949. Se transforme en Internationale lettriste en 1952, à l'instigation de Guy Debord, qui en exclut les fondateurs en 1954.

CoBrA

Fondé le 8 novembre 1948 à Paris, legroupe CoBrA (pour Copenhague Bruxelles, Amsterdam) réunit une vingtaine d'artistes danois (dont Asger Jorn, Egill Jacobsen), belges (Christian Dotremont, Pierre Alechinsky) et néerlandais (Niewenhuys, Karel Appel). Fougueux, coloré, leur style pousse la figuration à la limite de l'identifiable, se revendique des dessins d'enfants, des arts primitifs, prône les valeurs instinctives, paganistes et écologistes avant l'heure. Célèbre le plaisir du faire contre l'intellectualisme. Leur dernière exposition à Liège, en 1951, sanctionne la dissolution du groupe. Mais son influence perdure. Les récentes manifestations protestataires (mars 2007) de la commune libre de Christiana à Copenhague en sont des ricochets. Quant à Asger Jorn et Constant, en se relançant dans le situationnisme, ils lui apportèrent sa touche anarchiste, communautaire, artistique.

Situationnisme

27 juillet 1957: fondation de l'Internationale situationniste à Cosio d'Arroscia, village italien au nord d'Imperia. Le mouvement est la confluence de contestataires: Bauhaus imaginiste (de Jorn), Comité psychogéographique de Londres, rescapés de l'Internationale Lettriste. Le Français Guy Debord en est la figure dominante et Paris son centre. En 1962, les «révolutionnaires» excluent les «artistes», sèment le trouble, fin 66, à l'Université de Strasbourg, préfiguration de leur engagement en Mai 68. Ils s'exilent de France après cette date. Le mouvement se dissout en 1972. Debord se suicide en 1994. Entré en contact avec les lettristes au Festival de Cannes en 1951, Debord conserva l'idée d'Isou de «changer la vie». Non par une rédemption «créatique» par l'art. Mais en analysant conditions et situations. Ce qui amènera les situationnistes à s'attaquer à l'omnipotence de la société marchande.