La Chevauchée des Walkyries sur les bombardements d’Apocalpyse Now. Le Beau Danube bleu en ouverture de 2001, l’Odyssée de l’espaceStayin’ Alive rythmant les déhanchés de John Travolta dans Saturday Night Fever. On se souvient souvent d’un film, ou même d’une scène, avec la musique qui l’accompagne. La fredonner suffit à faire défiler les images.

Cinéma et musique sont indissociables: voilà le postulat de deux jeunes Vaudois, Vincent Bossel et Noé Maggetti. Le premier est réalisateur – on lui doit notamment Bip, web-série coproduite par la RTS sortie en novembre dernier –, le deuxième termine son master en histoire esthétique du cinéma. Ensemble, ces amis de longue date, qui se sont rencontrés dans le chœur d’un gymnase lausannois, cofondent aujourd’hui le Tourne-Films Festival Lausanne (TFFL), premier événement célébrant les intersections entre ces deux arts.

La tornade «La La Land»

Et elles sont nombreuses. «Ça va au-delà des simples violons qui viennent souligner une émotion, souligne Vincent Bossel. Le cinéma en lui-même est un art extrêmement musical, que ce soit au niveau des mots ou du rythme du montage.» «Au niveau du casting aussi, les acteurs sont musiciens et inversement, ajoute Noé Maggetti. Iggy Pop qui joue dans Cry-Baby, Jamie Foxx qui incarne Ray Charles… on a voulu rendre compte de cette diversité des liens dans notre rétrospective.»

Colonne vertébrale du TFFL, celle-ci est consacrée, pour cette première édition, aux comédies musicales, genre emblématique du mélange mélodies-caméras. Sur le long week-end que dure le festival, quatre films seront projetés, de la salle Paderewski du Casino de Montbenon à La Galicienne, en plein air. Une sélection englobant quatre décennies et des styles très différents, entre Les Parapluies de Cherbourg (jeudi) et La La Land (dimanche), tornade de Damien Chazelle qui emportait tout sur son passage en 2016. Et prouvait que le genre n’était pas aussi désuet qu’on pouvait le penser. «Littéralement tous les producteurs hollywoodiens ont commencé par refuser son projet, note Vincent Bossel. Mais Damien Chazelle a eu raison: les gens aiment le cinéma, la musique et les bonnes histoires. Le genre n’est pas déchu, il doit juste être modernisé!»

Clips et courts métrages

Une question qui sera débattue dimanche lors de l’une des tables rondes proposées par le festival, en compagnie notamment de la jeune comédienne fribourgeoise Marie Fontannaz. Hommage aux classiques, donc, mais aussi lumière sur la relève, à travers une compétition de courts métrages internationaux exploitant la musique de manière originale – sélectionnés sur 3000 candidats! –, mais aussi de clips vidéos. De plus en plus léchés, ceux-ci n’hésitent plus à s’approprier les codes du cinéma. «C’est même devenu un laboratoire d’innovation, où les réalisateurs testent des idées, des plans, souligne Noé Magetti. Mais c’est un genre encore passablement sous-estimé et peu programmé dans les festivals.»

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Grands amateurs du rendez-vous locarnais, les deux amis se sont inspirés de «son côté grand public, accessible et de sa partie festive» pour concevoir le leur. L’entrée du Tourne-Films est gratuite et, parce que la musique ne se vit pas seulement sur grand écran, des concerts ainsi que des afters, assurés par des DJ locaux, complètent le programme. Avec de multiples clins d’œil au septième art. «Pour que les gens se laissent emporter par l’expérience sensorielle de passer de la musique à l’image, du concert au film», précisent les cofondateurs. Et pour que les cinéphiles, comme les néophytes, tendent l’oreille le temps d’un week-end.


Tourne-Films Festival Lausanne. Salle Paderewski et autres lieux. Du 5 au 8 septembre. www.tournefilms.com