Cet opéra sans paroles, ce drame psychologique est rendu avec pudeur par le Quatuor Talich. Les sonorités diaphanes et mordorées de l'ensemble pragois dénotent la compassion voulue par Janácek.
Avec l'écrivain russe Daniil Harms, l'absurde et la dérision installent un autre ton pour rendre compte de l'enfer vécu sous le régime stalinien. Ses saynètes tirées du quotidien basculent dans la fiction pour mieux en dénoncer l'horreur. En s'inspirant de ses textes (avec un parti pris porté sur la violence), Krystof Maratka a élaboré une partition kaléidoscopique. Deux récitants, Alain Carré (poétique) et Vincent Figuri (qui en fait un peu trop) disent les saynètes sur une trame instrumentale. Les mots images incitent le compositeur à développer un vocabulaire riche en effets percussifs, en bruitages et en rythmes, mais aussi en nappes sonores.
Musique illustrative, qui colle de près au texte, à la manière du cinéma muet ou d'une bande dessinée. Un peu trop. On aurait souhaité un décalage pour prendre le contre-pied du texte, lui faire dire autre chose. L'Ensemble Calliopée, aux sonorités intriguantes, sert au mieux ce mélodrame sous la conduite de Krystof Maratka.