Quelques notes suffisent parfois à se replonger dans l’univers d’un film tant sa bande originale en est emblématique. De la célèbre Marche impériale de Star Wars au générique de Drôles de dames, l’Orchestre symphonique Bande-Son se plaît depuis désormais vingt-cinq ans à reproduire, lors de concerts, ces bandes originales qui ont marqué le 7e art.

Après les thèmes «Aventure», «Chœur et orchestre» et «Thriller Jazz», les 90 musiciens semi-professionnels de Bande-Son s’attaquent, cette année, à la science-fiction. Avec Space Symphony ils interprètent des partitions provenant des univers de 2001, l’Odyssée de l’espace, Alien ou encore Star Trek, et relèvent un challenge en participant au Numerik Games Festival, ces vendredi et samedi, à Yverdon-les-Bains. «Le public de cette manifestation est constitué de cinéphiles qui vont nous attendre au tournant. Cela nous effraie quelque peu car nous ne voulons pas les décevoir», s’inquiète le chef d’orchestre Thierry Besançon.

Passionné de musique et de cinéma, le Vaudois met un point d’honneur à travailler à partir de partitions originales ou, lorsque celles-ci sont introuvables voire inexistantes, à les récréer méticuleusement. «J’ai longtemps refusé de m’attaquer aux compositions de John Williams car elles sont difficiles. C’est la preuve que les bandes originales de films peuvent être aussi complexes que du Mozart!» souligne-t-il. A titre d’exemple, la soprano Sophie Graf accorde sa voix à celle de l’extraterrestre de Cinquième élément, la diva Plavalaguna, une véritable performance vocale que «peu de chanteuses sont capables de réaliser».

Les bandes originales sont l’avenir de la musique

C’est en 1993, avec seulement 20 musiciens sous ses ordres, que Marc Demierre lançait dans un grenier d’Yverdon-les-Bains l’Orchestre symphonique Bande-Son. «A l’époque, personne ne s’était encore intéressé à cet univers musical. Marc, lui, a toujours pensé que ce serait la musique de demain. Il a senti venir l’engouement.» L’ensemble s’est étoffé, se produit dans de véritables salles et le «visionnaire» a cédé sa place, depuis 2013, à Thierry Besançon, qui mène à la baguette l’ensemble de 90 virtuoses, étudiants et professionnels. Malgré tout, l’équipe conserve la même ambition, celle de «montrer que les musiques de films ont leur place dans une salle de concert».

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Aujourd’hui, le concept de ciné-concert, spectacle associant la projection d’un film à l’exécution, en direct, de ses parties musicales, connaît un véritable succès. «Les bandes originales sont le dernier lien entre le jeune public et la musique classique, constate Thierry Besançon. Elles guident l’imagination car elles sont associées à un contenu populaire.»

L’orchestre ne semble pas s’inquiéter de la concurrence et mise sur l’exécution de morceaux peu réputés pour faire la différence. «Les musiques les moins connues sont parfois aussi bien que celles des blockbusters.» Space Symphony sort d’ailleurs des cartons le méconnu premier spin-off de la saga Star Wars, L’Aventure des Ewoks, dont la bande-son a été composée par Peter Bernstein, parrain de l’orchestre symphonique.


Numerik Games Festival, Yverdon-les-Bains, Y-Parc, du 24 au 26 août. Concert de l’Orchestre symphonique Bande-Son, les 24 et 25 août, 21h.