Le 13 mars, ils vernissaient leur nouvel EP, Jeunesse dorée; trois jours plus tard, début du semi-confinement. Difficile de faire pire hasard de calendrier pour Arnaud Rolle et Faustine Pochon, le duo régnant sur Baron.e. Ils se souviennent avec nostalgie de cette date spéciale: «Le public sentait que ce serait le dernier concert qu’il verrait avant un long moment. La salle du Nouveau Monde, à Fribourg, était remplie à 10% de sa capacité, ce qui a rendu l’ambiance très étrange, très intimiste. On en garde un super souvenir», se remémore Faustine Pochon.

Suite à cela, Baron.e bascule dans un autre nouveau monde, celui du coronavirus. Pas facile de faire exister ses chansons quand musiciens et public sont tous cloîtrés chez eux: «Quand tu sors un mini-album, la première chose que tu as envie de faire, c’est des concerts, quelque chose d’organique. Jouer sa musique en direct sur les réseaux sociaux, c’est vite lassant pour tout le monde. La promotion de Jeunesse dorée débute véritablement maintenant», se réjouit Arnaud Rolle.

iNOUïS du Printemps de Bourges, festival Label Suisse, Nouveau Monde à Fribourg, l’indie pop francophone de Baron.e peut donc enfin reprendre la route après s’être vu annuler une vingtaine de dates depuis la fin de l’hiver: «On a eu quelques gros regrets cet été. Et là, on a encore deux nouvelles dates qui viennent de tomber à l’eau, à Genève et à Tulle en France», se désole Faustine Pochon. Encore considéré comme artiste émergent, Baron.e espère malgré tout profiter de cette période un peu particulière: «Les grandes têtes d’affiche sont encore plus tributaires des restrictions sanitaires que nous, qui avons de plus petites jauges lors de nos concerts. Les groupes étrangers ne peuvent pas forcément voyager non plus. Il faut voir cette situation comme une occasion à saisir et espérer que les programmateurs se concentrent sur une scène suisse qui a du potentiel à revendre.»

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Produit de leur époque

Entre concerts annulés et reports de dates, une chose est cependant «assurément sûre», disent-ils: Baron.e est dans l’air du temps avec ses sonorités electro et ses paroles en français, exprimant de façon un peu nébuleuse et poétique les réflexions, les tracas et les doutes de leur génération. Aux confluences de l’adolescence et du monde adulte, Baron.e chante cette jeunesse parfois incohérente, à l’ivresse romantique et aux peines de cœur mal cicatrisées.

Mauvaise langue, on pourrait leur reprocher de surfer sur une vague nostalgico-pastel à l’ambiance presque eighties initiée par d’autres groupes francophones comme The Pirouettes, Videoclub ou Fauve. «A chaque époque, il y a des groupes qui se ressemblent, qui ont les mêmes prises de conscience ou les mêmes problèmes. Ce qui est primordial, c’est d’être nous-mêmes, et si on parvient au passage à toucher ceux qui nous écoutent, c’est encore mieux», se défend Arnaud Rolle.

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Duo aux influences diverses, d’Odezenne à Dalida, Baron.e reste cependant fidèle à ses racines fribourgeoises. Il faut dire que Jeunesse dorée est un pur produit des bords de la Sarine, où il est possible selon le duo de tout faire: «On n’a pas forcément besoin de partir à Paris pour percer, on est à une époque où on peut produire de la musique partout. A Fribourg, il est possible de construire un projet de A à Z, la preuve avec notre premier mini-album.» Pour le second, une collaboration avec le producteur de The Pirouettes, basé à Annecy, est prévue. Mais attention, préviennent-ils, «pas question de perdre la candeur de notre premier projet!»


Baron.e, «Jeunesse dorée» (Ylin Prod). En concert le 20 septembre à 21h sur la place Centrale de Lausanne dans le cadre du festival Label Suisse.